Après combien de temps on…

Florence Darveau, 2022-2023, éditions du Parc en face.

Note : 3 sur 5.

Lara s’apprête à entamer sa dernière année au secondaire et elle a l’impression qu’elle n’est pas grand-chose. Contrairement à ses meilleures amies, elle n’a pas de force particulière à l’école (alors qu’Alasie récolte des A partout) ni de passion quelconque (alors que Julianne est passionnée par le théâtre). Tout ce qu’elle souhaite, c’est terminer sa cinquième secondaire sans faire de vagues. C’est toutefois une grosse tempête qui l’attend alors qu’elle sent l’appel du féminisme lui bruler les entrailles.

Sans vous dévoiler trop de détails qui risquent de compromettre votre lecture de cette série, c’est un avis des deux premiers tomes (Après combien de temps on meurt, si on arrête de respirer? et Après combien de temps on disparaît, si on commence à s’évaporer?) que je partagerai avec vous.

Même si mon appréciation globale n’est pas extrêmement positive (3 étoiles sur 5, c’est quand même bien juste la note de passage), j’ai lu le premier tome assez rapidement. Je ne peux nier qu’on embarque facilement dans l’histoire et que celle-ci se lit bien. J’ai aussi beaucoup apprécié qu’on aborde le sexisme ordinaire, qu’on l’intègre dans une école secondaire afin d’en faire ressortir les failles. Mais, ça devient rapidement trop.

« Je revois mon prof, qui a laissé Léo m’interrompre sans commenter, comme si sa voix comptait plus que la mienne ; le dude du club de sciences qui a assumé qu’Alasie connaissait pas l’électricité parce qu’elle est une fille ; les mains de Léo qui retiennent Laurie, comme si elle lui appartenait… Pis j’ai la drôle d’impression que ce que j’ai remarqué, c’est juste la pointe de l’iceberg. »

Après combien de temps on meurt, si on arrête de respirer? p.134

D’abord, les personnages me semblaient plus ou moins réalistes. Pour des élèves de cinquième secondaire, j’ai eu l’impression qu’iels manquaient de maturité. Leurs réactions hyper exagérées, l’intimidation qu’iels se font subir, j’avais plus l’impression d’être dans un mauvais film d’ados. Je ne dis pas que tout était exagéré, mais l’accumulation des situations faisait en sorte que je croyais de moins en moins aux personnages (dont un en particulier qui change soudainement dans le second tome. Je me demande d’ailleurs pourquoi il a fallu détruire ce personnage qui apportait quelque chose d’intéressant). La protagoniste elle-même vit une évolution très rapide qui ne me semblait pas crédible. Les adultes, quant à elleux, sont toustes fort décevant.es. Je comprends qu’on veuille dénoncer le sexisme ordinaire, qu’on ait besoin de situations X Y pour le faire, mais cette absence quasi totale d’aide, cette propension à faire partie du problème m’a mise mal à l’aise.

Ensuite, les thématiques étaient trop nombreuses. Je vois la volonté de dénoncer des situations, de lever le voile sur certains tabous, mais dans un même roman, c’est trop. On en vient à effleurer ces thèmes, à les placer juste pour dire qu’on en parle.

Puis, je ne peux pas dire avoir été particulièrement attachée à l’écriture. Peut-être suis-je rendue trop vieille pour le langage plus ado, mais l’omniprésence des sacres et des termes anglophones m’a fait décrocher.

Bref, l’idée de départ est bonne, les réflexions sont parfois intéressantes, mais l’exploitation de l’intrigue m’a semblé, finalement, maladroite.

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