Chère autofiction…

Chère autofiction,

Tu sais que tu représentes bien le monde d’aujourd’hui? Tu es un parfait miroir de notre société obsédée par les réseaux sociaux. La quête du plus grand nombre de vues, du plus grand nombre de j’aimes. Publier la photo parfaite, même si celle-ci nécessite plus d’une prise et une dizaine de retouches. Modifier la réalité pour l’embellir ou la rendre plus misérable encore, dans le but d’attirer l’attention. Tu as raison, c’est ce que nous sommes. C’est entre autres pour cela que je t’aime autant, autofiction.

Mais il y a plus important encore.

Sors tes mouchoirs, je tombe dans la partie sentimentale. Et je te le jure, ce n’est que la vérité.

Je me souviendrai toujours de ce que j’ai ressenti lorsque j’ai lu une des tiennes. J’étais loin de vivre les mêmes expériences que la narratrice, qui avait une vie sexuelle bien particulière. Par contre, il y avait une part de folie en elle qui est tout de suite venue me chercher. Je tournais les pages et je me sentais moins seule.

J’ai refermé le bouquin avec un besoin pressant d’écrire. De coucher sur mon ordinateur comment je me sentais, à l’instant même où j’ai terminé ma lecture. J’écrivais et les larmes me montaient aux yeux. Je n’ai jamais tapé aussi vite sur mon clavier. J’ai littéralement vomi mes émotions. Une fois qu’elles furent toutes sorties, j’ai fermé mon portable et n’ai rouvert ce ramassis de sentiments que l’année dernière. Crois-le ou non, j’ai encore pleuré. J’ai pleuré parce que ce que j’avais écrit, et dont je ne me souvenais plus, était l’image très claire de comment je me sentais. Dans un moment de folie, j’ai rejeté tout ce qui m’obsédait. Enfin. Laisse-moi en partager un morceau avec toi.

Mais dès qu’on entend plus les oiseaux chanter, que les étoiles viennent briller dans le ciel, ma force s’envole. J’imagine les pires scénarios. Je suis toute seule. C’est clair que les pires criminels le savent pis qui vont venir m’attaquer. Aucune chance de m’en sortir. Je meurs ce soir. Je reviens d’un souper au resto avec mes amies, tout s’est bien déroulé. Sauf qu’il y a une voiture qui est derrière moi depuis deux lumières. Elle tourne dans les mêmes rues. C’est clair que c’est un maniaque qui attend juste que je me stationne pour m’attaquer. Je prévois tout : s’il tourne au même bloc, je fais demi-tour et continue de me promener en ville.

Voilà. Ça fait mal, hein? Mais tu sais quoi? Aujourd’hui, ça va mieux. Parce que le jour où j’ai rouvert ce document, j’ai compris que j’avais besoin d’aide. Alors j’en ai demandé. Tout ça pour te dire merci, autofiction. Tu as su faire sortir le méchant que je gardais en moi depuis des années pour que je puisse finalement l’affronter. Peu importe le temps que ça a pris, c’est fait.

Signée : Une lectrice qui te sera éternellement reconnaissante

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