Qimmik

Michel Jean, éditions Libre Expression, 2023, 218 pages.

Note : 4 sur 5.

Alors qu’un jeune couple inuit parcourt la toundra en apprenant à s’aimer, on retrouve, quelques décennies plus tard, une avocate qui doit défendre un jeune inuk accusé de meurtre. Ce contrat prendra une tournure beaucoup plus personnelle que ce à quoi elle s’attendait.

Je ne suis jamais déçue par les romans de Michel Jean. Certes, j’avais de très hautes attentes face à celui-ci vu les commentaires élogieux et je n’ai pas été aussi époustouflée que certain.es, mais j’ai tout de même grandement apprécié cette lecture qui m’a à la fois émue et instruite. En effet, à travers les deux histoires racontées parallèlement, on en apprend énormément sur les campagnes d’abattage des chiens dans les années 1970. C’est un moment historique marquant qui pourtant passe sous silence! Avec son côté journalistique, Michel Jean nous permet de découvrir ce pan sombre de l’Histoire.

« J’arrive à faire feu avec une carabine sur un traîneau en pleine course, à lancer un javelot en maniant mon qajaq entre des baleines. Je sais construire un igloo en pleine tempête, récupérer toutes les choses utiles d’une proie pour assurer la survie des miens. Mais rien de ce que mon père et ma mère m’ont appris ne m’a préparée à me retrouver devant un village rempli d’humains et vide de chiens?»

Qimmik, p.171

Ce roman m’a beaucoup fait penser à Le vent en parle encore, premier livre que j’ai lu de l’auteur. L’histoire se déroulant sur deux époques différentes, présentant deux histoires, dont l’une se rapproche de l’enquête, a de quoi m’accrocher. Il est d’ailleurs fort intéressant de voir l’évolution de la plume de l’auteur, qui gagne en profondeur dans Qimmik.

Malgré tout, il ne faut pas s’attendre ici à un roman rempli de rebondissements. L’histoire du jeune couple inuit est un peu un éloge de la lenteur, une incursion dans un quotidien bercé par la nature et l’absence de contrainte de temps. Bien que les deux histoires finissent par se recouper, c’est celle de l’avocate qui m’a le plus accrochée (quoique j’ai été vraiment choquée au moment où on arrive dans l’abattage des qimmik). L’évolution de celle-ci, qui se fait très tranquillement, son retour aux sources, est magnifique.

Bref, comme tous les titres de Michel Jean, je vous suggère de découvrir celui-ci, qui saura vous choquer et vous émouvoir.

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