Je suis Pompéi

Ava Rose Riverin, éditions Château d’encre, 2022, 121 pages.
L’enfance d’Alice s’est faite dans la violence. De trop nombreuses fois, elle a été témoin de la hargne et du désir de contrôle de son père sur sa mère. Une fois adulte, Alice rencontre Paul, un homme qui, à première vue, pourrait la mener vers une relation saine. Mais ce ne sont que les apparences.
Assez court, ce récit nous plonge rapidement dans des relations où la violence physique et la violence psychologique dictent tout le reste. On rencontre une jeune Alice brisée par la manière dont son père traite sa mère. Une blessure qui la suivra pour le reste de sa vie.
Je suis Pompéi, c’est une histoire où le trauma prend toute la place, guide l’évolution psychologique du personnage, sa façon de se voir. Avec des titres de chapitres provenant du champ lexical de l’éruption volcanique, le titre prend promptement tout son sens. Alice est Pompéi. Alice a été ensevelie par la violence et en porte toujours les résidus.
Les courts chapitres (allant d’une à cinq pages) nous font visiter des moments clés de la vie d’Alice sous la voix de différents narrateurs, ne laissant toutefois jamais la parole au père d’Alice ou à Paul (excepté un très court chapitre où il se présente). C’est donc à la douleur de la protagoniste, à son incompréhension face à cette vie qu’elle subit, qu’on a accès.
« Pendant ce temps, les coupables courent les rues. Les femmes apprennent à fuir entre quatre murs. Dans l’attente d’une injonction qui ne pourra jamais les protéger, elles s’organisent. Elles sont sur le point de commencer une partie de cache-cache qu’elles n’ont pas le droit de perdre. La règle du jeu ne pourrait être on ne peut plus claire. Si je te trouve, je te tue. » (Je suis Pompéi, p.40)
Les mots d’Ava Rose Riverin sont bouleversants. Ne vous laissez pas berner par le chat sur la première de couverture. Ce n’est pas une gentille chose inoffensive. C’est un prédateur.