Lettre aux profs en fin d’année

Chère enseignante* qui accueille le mois de juin essoufflée,
Tu en as lu, vu et entendu de toutes les couleurs cette année, n’est-ce pas? Il me semble qu’une tonne de nouvelles démoralisantes sont parues dans les médias. Ce fut une année scolaire chargée en décisions prises sur le coin d’une table par un ministre qui met une fois de temps en temps le pied dans des écoles (et qui nécessite tout un branle-bas de combat pour déplacer les membres du personnel qui voudraient diner).
Chère enseignante qui accueille le mois de juin essoufflée, je te comprends. Tu as planifié des séquences d’enseignement passionnantes, renouvelé tes projets pour les mettre au gout du jour, assisté à des formations sur ton temps personnel ou en te faisant remplacer, nécessitant ainsi une préparation supplémentaire, corrigé à n’en plus finir, discuté pédagogie avec tes collègues, assisté à des rencontres, participé à des comités, revu des plans d’intervention, organisé une sortie culturelle…
Tu as aussi probablement fait un million de demandes de photocopies qui ne sont peut-être pas arrivées à temps, discuté hygiène avec des élèves, acheté des crayons, des livres et des feuilles pour tes élèves (et pour toi) avec ton budget personnel, corrigé et planifié à l’extérieur des heures de classe, essayé de régler une chicane d’amis, fait un signalement pour un élève qui n’allait vraiment pas bien, confisqué un couteau suisse ou une vapoteuse…
Essaie juste de te rappeler ceci : à travers toutes tes tâches connexes, à côté de toutes les nouvelles frustrantes du milieu de l’éducation, tu es une enseignante extraordinaire qui a fait de son mieux. C’est ce qu’on essaie souvent de rappeler à nos élèves, faites de votre mieux. Et c’est ce que toi, tu as fait. Avec un sourire parfois plus penché vers le bas que vers le haut, avec une petite boule au fond de la gorge ou un feu dans le cœur, tu as donné ce que tu pouvais donner, dans un contexte où parfois, on a l’impression que l’autre équipe est beaucoup plus forte que la nôtre.
Je te souhaite de belles semaines de repos. De repos mérité. Profites-en pour reprendre ton souffle en lisant des livres qui te plaisent, en mettant de côté ton agenda le nombre de jours qui seront nécessaires, en repensant aux bons moments vécus dans ta classe cette année, en faisant ce qui te plait, tout simplement.
* Le féminin est utilisé pour alléger le texte