Le brasier

Florence Hinckel, éditions l’école des loisirs, 2025, 335 pages.

Brunehaut est forcée de se marier avec le roi de Margelonne, un homme cruel beaucoup plus vieux qu’elle, devenant alors la belle-mère de douze enfants, dont une fille à peine plus jeune qu’elle. L’arrivée de Brunehaut change tout dans le château puisque cette dernière voit les agissements du roi et tente de protéger les enfants qui ne verront en elle que la méchante belle-mère.

Même si je ne connaissais pas le conte initial, Les cygnes sauvages, qui est réinterprété dans ce roman, j’ai grandement apprécié y retrouver non seulement les codes du conte traditionnel (les personnages stéréotypés, le merveilleux, l’univers majestueux), mais aussi leur contraire.

En effet, par un jeu avec le temps et des pouvoirs encore incompris, le personnage de Brunehaut rencontre Hans Christian Andersen qui est en train de rédiger son histoire. On constate alors comment cela se passait à son époque (19e siècle) et comment cela pouvait influencer son écriture. Ces rencontres entre personnage et auteur nous permettent de découvrir la vie d’Andersen, ce qui m’a beaucoup intéressée. On réalise alors combien, à l’époque, la société et ses préjugés influencent l’écriture.

Pour Brunehaut, les rencontres lui permettent de faire comprendre à l’auteur que ce qu’il imagine est préjudiciable et que par ses choix, il pourrait changer la société.

« Vos contes sont si hauts en couleur que je ne peux pas croire que vous soyez homme à voir le monde en noir et blanc. Vous voyez les nuances. Vous êtes capable, j’en suis sûre, de réaliser qu’on peut être laid mais immensément charismatique, faible mais assez fin stratège pour se sortir de bien des situations, pauvre mais bénéficiant d’appuis inestimables » (Le brasier, p.258)

Vous comprendrez que l’histoire de Brunehaut et Élisa, sa belle-fille, c’est alors une histoire de droits des femmes bafoués, une histoire de sorcières rejetées par la société et une histoire de stéréotypes à déconstruire.

Bref, c’est une histoire d’avant-hier, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, une évaluation du passé pour mieux faire le futur.