Lire est dangereux (pour les préjugés)

Dave Connis, éditions Milan, 2019, 298 pages.

Note : 4.5 sur 5.

Quand Clara découvre que plusieurs livres (dont sa dernière découverte littéraire) ont été mis à l’annexe dans son école, elle s’indigne. Impossible que d’autres ne puissent lire ces romans qui ont tout changé pour elle. C’est là que nait l’idée de la bibliothèque clandestine… dans son casier!

Comme j’ai aimé ce roman! Un livre qui parle de livres, ça tombe pile dans mes cordes. L’ensemble de l’histoire est orienté autour de la censure des livres. Quelles sont les conséquences d’une telle censure? Mais aussi, quelles en sont les raisons? Pour Clara, il n’y a aucune bonne raison pour mettre à l’index des titres qui ont changé sa perception de la vie. C’est pourquoi elle se lance dans cette mission périlleuse de bibliothèque clandestine. J’ai aimé la prise de risque de Clara qui, dans ce collège privé très sévère, risquait de tout perdre. Sa passion pour la littérature est immense et, bien sûr, cela m’a énormément rejointe. J’ai d’ailleurs aimé qu’elle se présente notamment en donnant les titres des livres qui ont marqué chacune des années de son secondaire et qui ont servi à forger son identité.

« Je ne suis pas un spécialiste de la littérature, mais n’était-ce pas précisément ce que Mme Croft nous enseignait? Qu’un accès illimité aux livres permet de se remettre en question et de changer? D’apprendre de nouvelles choses et d’y réfléchir avec un esprit critique, sans en avoir peur? D’être quelqu’un de meilleur après ces lectures? »

Lire est dangereux (pour les préjugés), p.261

J’ai aussi beaucoup aimé qu’on aborde le pouvoir (positif ou négatif) des livres. Après des conséquences malheureuses, Clara se questionne beaucoup sur le danger des livres, ne comprenant pas pourquoi d’autres n’ont pas vu dans leur lecture la même chose qu’elle. L’évolution dans sa vision de toute cette situation est franchement intéressante et donne des arguments pertinents quand vient le temps d’aborder l’interdiction de livre des ouvrages comme Treize raisons, Le garçon aux pieds à l’envers ou Eux.

« Nous lisons avec tout ce qui nous façonne et toutes ces couches qui font notre personnalité agissent comme un filtre. Nous lisons avec tout ce que nos yeux ont vu, tout ce que notre coeur a vécu depuis notre naissance. »

p.275

Considérant la mise à l’index de titres aux États-Unis ces derniers temps (quoique le Québec n’y est pas inconnu non plus, notamment dans les centres de services scolaires), ce livre mérite de l’attention. Ne serait-ce que pour le plaisir de se délecter de citations sur le plaisir (et le pouvoir) de la lecture ou pour découvrir pourquoi la censure n’est pas la solution, ce livre est à mettre sur votre pàl!

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