Réflexions d’une enseignante en fin d’année

Au moment où j’écris ces lignes, hier était la dernière journée avec mes élèves. Ce n’est pas ma première fin d’année, mais c’est la première fois que j’ai envie de mettre des mots sur cette période particulière.

On ne se le cachera pas, une bonne part de nous, enseignant.es, est soulagée quand l’année se termine. Enseigner, c’est drainant. Enseigner, c’est accepter de se remettre en question tous les jours, c’est gérer les émotions de 30 ados en même temps qui vivent leur crise identitaire et qui ne savent pas toujours comment bien réagir, c’est corriger-planifier-enseigner dans une même journée (en plus des tâches connexes comme les courriels aux parents, les comités et les surveillances), c’est recueillir les inquiétudes d’élèves qui ne se sentent pas compétent.es, c’est les rassurer tout en leur donnant des objectifs réalistes, adaptés à leur pointure. Enseigner, c’est penser à beaucoup de choses en une journée et ne pas laisser tout ça complètement derrière soi quand on quitte l’école.

Mais, au soulagement s’ajoute la mélancolie de dire au revoir aux 82 élèves que j’ai côtoyés cette année. Ces 82 personnalités que j’ai appris à découvrir, que j’ai eu un plaisir, même une fierté, à voir évoluer. Chaque fois, j’ai des attentes élevées face à cette dernière journée, me disant qu’elle sera remplie d’émotions, puis finalement, j’ai l’impression que c’est une journée comme les autres. Mais je sais que chaque fois qu’on me reparlera de ces élèves, je garderai ce petit sentiment de fierté de les avoir vus grandir pendant 10 mois.

Je pense qu’en ce moment, ce qui rend les fins d’année encore plus cruelles, c’est qu’avec mon statut précaire, je suis envahie par l’obligation de tout ramener à la maison, par les questionnements face à ce que je ferai l’année prochaine. Certes, la permanence est à ma porte, mais le stress de ne pas savoir, avant aout prochain, quel.les collègues je retrouverai persiste. Chaque petit changement, chaque absence de réponse m’insécurise. Et je ne peux m’empêcher d’imaginer les mille et un scénarios, de peser les pours et les contres, d’essayer de me faire à une idée.

Il reste tout de même, à travers ces émotions contradictoires, une certaine fierté personnelle. En tant qu’enseignant.es, je pense qu’en fin d’année, il faut se donner une bonne tape dans le dos. Se féliciter d’avoir aider des humain.es à évoluer, à apprendre et à développer des compétences. Personnellement, je suis fière d’avoir encore une fois réussi à valoriser la lecture dans ma classe, d’avoir fait en sorte que certain.es élèves se sont découvert.es en tant que lecteurices, que plusieurs élèves aient mentionné combien il était intéressant (et important) que nous ayons abordé le Mois de l’histoire des Noir.es. Je chéris toutes les discussions que j’ai eues avec mes élèves, qu’elles aient porté sur la lecture ou sur différents sujets. Ces moments mettent un baume sur mon cœur et me rappellent chaque fois combien j’aime ma profession.

1 Comments on “Réflexions d’une enseignante en fin d’année”

Répondre à Roxane Turcotte Annuler la réponse.