Profs au long cours

Stéphane Boulé, éditions XYZ, collection Réparation, 2023, 174 pages.
Ce n’est pas un secret, des enseignant.es qui décrochent de la profession, il y en a beaucoup, et même trop! Y a-t-il un moyen de faire diminuer ces statistiques? Et si la solution se trouvait en nous?
Tout au long de cette lecture, j’étais, disons, mitigée. Certes, l’auteur, qui est aussi enseignant de français au secondaire, exprime bien les difficultés de la profession, met de l’avant ce qui ne fonctionne pas et ce qui nous tire énormément de jus. Ces parties du livre consoleront les enseignant.es qui trouvent leur quotidien surchargé et informeront celleux qui ne font pas partie de la profession. C’est intéressant et ça met beaucoup de problématiques en lumière.
« Le gros du travail de l’enseignant n’est visible et tangible que de l’intérieur, quand on l’exerce. Juger de sa difficulté ou de ses exigences en jetant un simple coup d’oeil au calendrier scolaire est une grossière et malheureuse erreur »
Profs au long cours, p.63
C’est le côté un peu plus philosophique qui m’a parfois fait décrocher (sans vouloir faire de mauvais jeu de mots). Je comprends qu’on ne peut pas mettre l’ensemble de la faute du décrochage sur les conditions externes (les parents, les élèves, la tâche…), mais j’ai parfois eu l’impression qu’on devait mettre tout cela de côté pour travailler uniquement sur sa force intérieure. Je l’aime, ma profession. Je trouve cela triste que plusieurs enseignant.es quittent le bateau et j’ai du mal à me dire que c’est parce qu’iels n’étaient pas assez fort.es. Je crois que les conditions externes jouent pour beaucoup. Si la composition de la classe et la tâche, entre autres (tsé, ce pour quoi on s’est battu.es en novembre-décembre 2023?), il y aurait beaucoup moins de décrochage.
Cela dit, le livre m’a aussi permis de mettre les choses en perspective, notamment en ce qui a trait à l’apprentissage et à la responsabilité des élèves. J’ai parfois l’impression que plus le temps avance, plus on en fait pour les élèves alors qu’elleux en font moins. Où sont rendus nos apprenants actifs?
« même quand l’enseignant devient un véritable virtuose à force de jongler, année après année, avec toutes ces tâches, leur maîtrise ne peut garantir que le fait d’apprendre se concrétise pour chacun de ses élèves. Et la raison en est simple – un cliché presque! – : c’est l’élève qui apprend. Pas l’enseignant. »
Profs au long cours, p.51
Bref, le livre n’est pas inintéressant. Il donne de bonnes informations sur les difficultés de la profession, mais je ne suis pas prête à affirmer qu’il s’agit d’une référence pour éloigner les enseignant.es du décrochage.