Le porteur de nuit

Suzette Mayr, éditions XYZ, 2024, 274 pages.

Baxter est porteur de wagon-lit dans un train qui traverse le continent. Sa clientèle est majoritairement blanche et aisée. Dans une époque où l’égalité n’est pas encore acquise, que l’homosexualité est condamnée, Baxter attend patiemment de récolter assez de pourboire pour poursuivre ses études en dentisterie.

Somme toute, j’ai trouvé le roman intéressant. On découvre ici un emploi que je ne connaissais pas du tout, dans une époque qui ne m’est pas familière. L’histoire comprend de très claires descriptions de l’environnement, mais aussi de la clientèle. On s’imagine très bien cette haute société qui croit que tout lui est dû, surtout le service des porteurs de wagon-lit qui ne dorment que quelques minutes sur un trajet de plusieurs jours.

J’ai aimé qu’on entre dans la tête de Baxter par ses nombreuses observations sur la dentition des autres, mais aussi sur toutes ses hallucinations qu’on peut mettre sur le dos de la fatigue. Ça fait de lui un personnage attachant qui nous brise parfois le cœur vu ce qu’il doit endurer.

« Les dents sont tellement plus simples à comprendre que les humains. Quand une dent cause un problème, il suffit de l’arracher. Les racines pendant tels des tentacules entre les serres des pinces orthodontiques. La pourriture éradiquée.» (Le porteur de nuit, p.212)

En plus d’aborder l’inégalité, le roman nous laisse comprendre qu’on est dans une époque où l’homosexualité est condamnée. Baxter se voit donc confronté à une double exclusion (et surtout, la nécessité de taire une partie de lui-même).

C’est toutefois un roman qui, je trouve, finissait par tourner en rond. On s’attarde beaucoup aux voyageurs, ajoutant alors plusieurs personnages qui nous semblent figurants, mais qui finalement prennent beaucoup de place (sans avoir pourtant tant d’importance).

Bref, il s’agit d’un roman intéressant, mais il ne faut pas s’attendre à des revirements de situation ou à un livre dont on a envie de connaitre la suite rapidement.