Mon fils ne revint que sept jours

David Clerson, éditions Héliotrope, 2023, 120 pages.
Alors qu’elle est habituée de passer ses étés seule au chalet, la femme reçoit la visite de son fils, dont elle ne recevait de nouvelles que par la poste. 10 ans sans se voir, et celui-ci retontit au chalet familial, retrouve les beautés singulières de la forêt qui borde ce lieu de son enfance. Il revient quelque temps, pour mieux disparaitre.
Mon avis personnel face à ce roman est plutôt neutre. Je ne peux pas affirmer que c’est mon genre de livre. On suit des personnages dans un court laps de temps, alternant entre le présent et le passé, ne sachant jamais vraiment ce qui nous attend dans la lecture. C’est un roman très descriptif qui laisse passer les émotions des personnages par la description des lieux. Ça se lit bien, mais ai-je embarqué? Pas plus que ça.
Cela dit, je reconnais l’immense qualité du livre. Tout est en continuité pour que, justement, la psychologie des personnages soit comprise par la description des lieux. On se retrouve beaucoup dans la tourbière, cette zone humide rappelant drôlement les marais. On s’y perd de la même façon que le font les personnages. Les longues promenades, les baignades, l’observation des champignons, le soleil qui tape et les mouches qui dévorent…tout participe à cette espèce d’hallucination ou de perte de vie imminente qui ne lâche pas le fils, mais aussi la mère. Même si cette dernière semble en vouloir à son fils, il y a un fil qui les unit, un fil de deuil ou de disparition qui a tout à voir avec l’environnement dans lequel ils se trouvent.
« Ce deuxième jour depuis son retour il voulu retourner à la tourbière. Le vent s’était éteint. L’humus des forêts était gorgé par la pluie tombée tout au long de la nuit. Des nuages de moustiques nous suivaient sur le chemin de gravelle pendant que mon fils me racontait ses rêves, les champignons qui lui parasitaient l’œsophage, ceux qui prenaient racine dans son ventre, leurs spores qui se posaient sur ses bronches, ceux qui sortaient de sa bouche, se glissaient entre ses lèvres alors qu’il parlait ou respirait. »
Mon fils ne revint que sept jours, p.24
J’ai aussi été quelque peu déstabilisée au début par l’absence de ponctuation à la suite de bien des compléments placés en début de phrase. L’enseignante de français en moi a tout de suite cherché une explication à ces absences, j’imagine, volontaires. Une façon d’éviter de prendre une pause, peut-être? Par crainte que le fils ne disparaisse à nouveau…
En bref, il s’agit d’un roman qui, je crois, saura trouver un lectorat assez niché. Ce n’est pas une lecture qu’on se dépêche de faire, c’en est une qu’on prend le temps de découvrir.