L’autre Jeanne

Marie Larocque, VLB éditeur, Montréal, 2017, 238 pages.
Jeanne a 18 ans. Sa famille est un peu particulière et maladroite. Les relations ne sont pas des plus chaleureuses. Malgré son enfance difficile, Jeanne reste la préférée de sa mère Élizabeth, et toutes ses sœurs sentent – et ne comprennent pas – ce favoritisme. Sur un coup de tête, Jeanne décide de partir en Europe après avoir envoyé son manuscrit autobiographique à un éditeur.
Ce roman mélange le journal de Jeanne et la narration à la troisième personne. En même temps d’avoir la description de ce qui se passe au Québec, dans la famille de Jeanne, et en Europe pendant son voyage, nous avons droit à ses impressions de tout ça : sa famille un peu déconstruite, son voyage improvisé et ses rencontres aussi singulières les unes que les autres. J’ai beaucoup aimé ce parallèle qui rendait le roman dynamique et qui nous permettait de mieux comprendre le récit.
Le personnage de Jeanne est très coloré (tout comme sa famille d’ailleurs!) Le vocabulaire familier nous permet de mieux imaginer ces personnages aux travers nombreux. J’ai adoré le vocabulaire familier, la façon qu’avait de s’exprimer la protagoniste. Une langue colorée qui donne le ton au personnage et à l’histoire. Même si Jeanne semble ô combien forte et indépendante, je ne peux concevoir que derrière cette envie de fuir ne se cachaient pas un besoin plus important de recommencer à zéro, d’oublier son passé et de mettre de côté quelques instants sa famille où ne règne pas le plus grand des bonheurs.
« Betty, elle serait belle si c’était pas de son nez. […] Il est trop long et surtout, il finit comme une paire de fesses, avec une grosse craque au milieu, à se demander si elle pète au lieu d’éternuer. C’est dommage, on dirait que le peintre qui l’a dessinée s’est enfargé au dernier coup de pinceau » (L’autre Jeanne, p.116).
J’ai sincèrement adoré ce roman. Lors de ma première observation du titre et de la couverture aux couleurs pastel, je m’imaginais une histoire romancée, un peu à la Nora Roberts (qui n’est pas tellement mon genre). Comme je me suis trompée! Les plus observateurs diront que j’avais très mal observé la couverture (je n’avais pas remarqué le mur aux graffitis qui rappelle un peu les quartiers plus défavorisés…) Je vous donne entièrement raison. Quand j’ai connu les personnages et la famille de Jeanne, j’ai compris que ce qui m’attendait n’était pas une histoire douce. C’est davantage une histoire authentique sur les familles déchirées, sur la quête de soi, sur le besoin de recommencer à zéro, sur les erreurs du passé.
C’est un roman que je conseille sans hésiter. Marie Larocque est pour moi une découverte et je continuerai de la suivre avec grand plaisir. Il me tarde de découvrir ses autres œuvres, et de retrouver le personnage de Jeanne dans Jeanne chez les autres, qui est paru en 2013.
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« Tout le monde devrait écrire, ça irait mieux sur la planète. Avec une plume entre les mains, tu peux pas tirer, tu peux pas faire chier, tu peux même pas te gratter. La révolution plumitive! » (L’autre Jeanne, p.23)