Pourquoi la littérature jeunesse n’a pas d’âge?

Je suis une grande lectrice de littérature jeunesse. Peut-être est-ce mon âge pas très loin de celui des protagonistes ou mon métier d’enseignante de français au secondaire qui augmente mon attrait pour cette littérature, je crois tout de même qu’elle peut rejoindre n’importe qui.

D’abord, qu’est-ce qui fait qu’on classe un roman comme étant « pour la jeunesse »? C’est là une excellente question à se poser. Est-ce que le protagoniste doit être de l’âge du lecteur? Est-ce que le roman doit tourner autour d’un sujet en particulier? Est-ce que le vocabulaire doit être différent? Ce sont tous des critères que l’on pourrait approuver, mais aussi contredire. Je pense notamment au roman Et au pire on se mariera de Sophie Bienvenu, qui met en scène Aïsha, une jeune adolescente, mais qui est tout de même classé dans la section « adultes » en librairie. Même chose pour La déesse des mouches à feu de Geneviève Pettersen qui, en plus de mettre en scène des adolescents, traitent des premières fois de ceux-ci. Alors, est-ce que ces critères suffisent à classer une œuvre comme étant « pour la jeunesse »?

La classification des livres est très ambigüe. Ce qu’un libraire classerait comme étant pour les adultes pourrait être classé pour la jeunesse par un autre libraire. Je serais curieuse de savoir quels sont les critères des éditeurs. Je ne juge aucunement les classements. Ils aident grandement un bon nombre de lecteurs à trouver une lecture qui leur plaise. Le problème étant que certains lecteurs se bornent à un type de littérature. Comme si les classements étaient complètement homogènes. Comme si tous les livres posés dans un même panier étaient semblables. Certes, ils ont leurs ressemblances, mais ils ne sont pas coulés dans un même moule.

La littérature pour la jeunesse est publiée, avant tout, pour ce public. Mais est-ce qu’un adulte devrait avoir honte d’aimer ces livres? Est-ce qu’il devrait s’en passer parce que ce n’est « pas de son âge »? Est-ce qu’il devrait la rabaisser parce que c’est écrit pour les gens plus jeunes que lui? Est-ce que le livre sur les rayons de littérature jeunesse est moins pertinent? Trop accessible? Trop « bébé »? Trop facile? Jamais. Suffit de trouver l’histoire qui nous plait, la plume qui nous rejoint, le personnage qui nous touche. Que le narrateur ait 13 ou 40 ans, si sa personnalité nous rappelle qui on était ou qui on voudrait être, pourquoi ne pas se laisser tenter et attendrir par une histoire qui ne nous est pas nécessairement destinée?

Je découvre toujours la littérature jeunesse avec grand plaisir. On y trouve des sujets parfois touchants et qui ne sont pas propres au public adolescent ou enfant. Après tout, on vit tous dans le même monde, on fait tous face à une même évolution. Il n’est pas impossible qu’un lecteur adulte se reconnaisse dans une histoire d’ado ou même dans un album pour enfants. Peut-être que ce ne sera pas le personnage principal, mais bien un personnage secondaire qui vous parlera. Ou peut-être vous sentirez-vous tout simplement touché par ce protagoniste de 15 ans qui vous rappelle qui vous étiez ou l’enfant que vous avez. Peut-être que cette littérature vous permettra également de comprendre cette progéniture que vous voyez grandir trop rapidement.

Toutes les raisons sont bonnes pour lire de la littérature jeunesse. N’ayons plus honte de trainer dans ces rayons. Arrêtons de voir ces œuvres comme étant inférieures. La littérature reste de la littérature. Son but est de nous faire réfléchir, mais surtout de nous faire passer un bon moment. Qu’importe qui l’a écrite ou à quel endroit elle est classée.