L’allégorie des truites arc-en-ciel

Marie-Christine Chartier, éditions Hurtubise, Montréal, 2018, 216 pages.

Max et Cam sont amis depuis environ quatre ans. Celle-ci termine une maitrise alors que celui-ci tente d’échapper à ce grand monde à l’allure parfaite dans lequel l’ont plongé ses riches parents. Chacun est une bouée pour l’autre. Sans l’un, l’autre coule. Et si cette relation était plus que de l’amitié?

Ce roman saura sans aucun doute rejoindre les jeunes adultes d’aujourd’hui. Écrit d’une plume très actuelle, narré par les deux personnages, il s’implante dans un décor qui rejoindra les générations Y et Z. On retrouve notamment des références à Tinder ainsi que des anglicismes comme cocky et one night. Cela rend le roman plus crédible et encore plus ancré dans la réalité. En lisant les chapitres, on a l’impression que Cam et Max se confie à nous, comme si nous étions leur grand chum. On ne sent aucune prétention, aucune envie d’impressionner la baraque. Juste l’envie de raconter ce que peuvent vivre un gars et une fille.

« Je n’aime pas Tinder. J’ai l’impression que je feuillette un catalogue, que je suis comme dans un buffet de visages. Après une séance de swipage, je me sens exactement comme quand je sors d’un buffet chinois : un peu nauséeuse, lourde et dégoûtée de moi-même. » (L’allégorie des truites arc-en-ciel, p.33)

L’élément principal autour duquel tourne cette histoire à deux voix est l’amitié entre un garçon et une fille. On a tendance à croire que ces amitiés-là n’existent pas. Qu’un finit toujours par tomber amoureux de l’autre. C’est ce genre de crainte qui empêche parfois de se laisser aller à ses sentiments. Pourquoi gâcher une si belle amitié? C’est notamment ce que craint Cam, et c’est magnifiquement raconté. C’est simple, c’est honnête. Comme l’ensemble du roman.

J’ai apprécié que le roman soit narré par les deux personnages. On peut mieux entrer dans la tête de chacun, voir comment ils vivent une même situation. J’ai parfois eu de la difficulté à croire en la narration de Max, mais il m’a tout de même charmée. Une amitié comme ils ont, c’est à faire rêver. S’imaginer qu’ils pourraient être des âmes sœurs, ça mène les rêves plus loin encore.

« Notre amitié est en partie basée sur nos divergences d’opinions en ce qui a trait aux choses anodines et sur notre accord profond en ce qui concerne celles qui importent. » (L’allégorie des truites arc-en-ciel, p.12)


La floraison des nénuphars

Si vous n’avez pas lu L’allégorie des truites arc-en-ciel, arrêtez votre lecture ici!


Dans ce deuxième tome, on retrouve, à mon plus grand bonheur, Max et Cam… qui ne filent pas le plus parfait des bonheurs. La routine a pris le dessus de leur vie de couple où la spontanéité était la seule maitresse de leur relation. Avec son nouvel emploi, Max n’a plus de temps pour lui, pour eux, tandis que Cam en a trop.

J’ai aimé voir leur couple grandir et vivre ces aléas de la vie adulte. On reste encore dans le jeune adulte, mais nos personnages rencontrent des problématiques de couples matures, les forçant à travailler leur communication. Un peu comme s’ils étaient rendus à un autre niveau.

Ce que j’ai un peu moins aimé de ce tome, ce sont les nombreux retours dans le passé. Pas qu’ils étaient difficiles à suivre, au contraire, mais j’ai trouvé qu’on s’attardait beaucoup à ce qui était déjà arrivé. Peut-être une façon de montrer que leur présent n’est pas comme ils le voudraient?

Bref, encore une fois, Marie-Christine Chartier nous propose une lecture toute en douceur, avec des personnages profonds.

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