Il préférait les brûler

Rose-Aimée Automne T. Morin, éditions Stanké, 2020, 223 pages.
Le père de Fauve est atteint d’un grave cancer. Alors que l’homme n’a jamais voulu s’attacher à qui que ce soit, particulièrement à ses enfants, il s’unit à sa fille Fauve afin d’en faire la dernière femme de sa vie. Encore une enfant, Fauve doit vivre avec l’angoisse de voir mourir son père à n’importe quel moment.
Autofiction, cette œuvre nous présente une figure du père très intéressante. Indépendant, mais surtout avec un besoin de contrôle et de pouvoir, il se voit confronté à l’inconnu et à un besoin de se lier à son dernier enfant. J’ai beaucoup aimé cette adaptation du personnage. En parallèle, Fauve, qui est en plein développement, est grandement influencée par ce père omniprésent, cette figure dominante et imposante. On la voit donc devenir femme, tout en vivant avec l’angoisse du deuil.
Devant les thématiques de l’angoisse et du deuil prend place une relation père-fille à la fois magnifique et troublante, ce qui rend le récit touchant et frustrant. On a l’impression que le père profite de sa fille en essayant de faire d’elle une femme parfaite à ses yeux. On a de la peine pour Fauve qui perdra son père d’un moment à l’autre, mais aussi pour son enfance qui lui est en quelque sorte volée.
« Mon enfance est un collier où s’enchaînent des pierres aussi dures que brillantes. Elles deviennent peu à peu incandescentes.
J’aimerais l’enlever.
Mais qu’est-ce qu’il me resterait, alors? »
Bref, Rose-Aimée Automne T. Morin signe ici une autofiction riche en émotions.