#tousdebout

Agnès Marot et Cindy Van Wilder, éditions Hugo roman, collection New Way, 2021, 368 pages.

Note : 1.5 sur 5.

Gossipboy, le Tumblr des ragots de l’école, dénonce un peu malgré lui que Rahim, un des élèves, est sans-papiers. Afin de le sauver de la police, Méloée et d’autres camarades font un blocus sur le terrain de l’école.

J’aurais vraiment aimé apprécier ce roman davantage. Notamment parce que la thématique est intéressante, soit celle d’une rébellion adolescente pour sauver un de leurs camarades qui est sans-papier, mais il y a trop de maladresses dans le roman qui l’éloignent de ce point fort.

Tout d’abord, les personnages sont détestables. Particulièrement celui d’Anton, qui prend la plume en alternance avec Méloée. Il est terriblement misogyne, avec ses commentaires sexistes, son sentiment de pouvoir par-dessus Méloée, son impression qu’elle lui doit tout, qu’elle lui appartient (alors qu’elle le repousse à maintes reprises). Disons que la notion de consentement n’est pas très bien acquise chez lui… Il est aussi incroyablement centré sur lui-même, en revenant toujours à des propos racistes.

 «Mat’ est occupé à se battre avec la machine récalcitrante alors que Rahim contemple le décor. Je l’observe scruter les drapeaux de la communauté LGBT+ avant de baisser la tête, visiblement mal à l’aise. Tant mieux si l’étalage coloré gêne l’Iranien. Qu’il dégage, je récupère sa place. » (#tousdebout, p.32-33)

Méloée, quant à elle, me semblait assez intéressante au début, mais plus le roman avance, plus j’avais l’impression que tout tournait autour d’elle, un peu comme le personnage de Lea Ionescu, la sauveuse des nouveaux arrivants… La gloire revient chez ces têtes fortes, ces têtes privilégiées. Privilégié‧e‧s qui, en plus, se plaignent de leur sort, détournant ainsi la lumière du vrai problème.

Ensuite, l’autre problème se situe du côté de ce privilège. À aucun moment (mis à part les quelques lettres et extraits de journaux intimes) on ne donne la parole à Rahim, le premier concerné. On tait sa parole en tant que narrateur, mais en plus, les autres personnages le prennent peu en considération dans leurs décisions. L’histoire se tourne alors davantage vers les militant‧e‧s alors que ce n’est pas leur voix qu’on devrait prioriser. À mon avis, plusieurs passages auraient pu être soustraits (dont le chapitre entier sur la relation sexuelle entre deux personnages, qui n’apporte rien au récit), de manière à mettre en lumière les moments réellement importants dans l’histoire.

Je ne pourrais aussi passer sous silence le vocabulaire employé. Personnellement, le terme immigré me fait vraiment sourciller, d’autant plus qu’il est utilisé à outrance pour nommer Rahim (en plus de le nommer le sans-papier, l’Iranien), comme s’il n’était que ça. On en finit par oublier la personne derrière le statut. Je sais que le terme est un peu plus utilisé en Europe sans nécessairement avoir de connotation péjorative. Cela dit, si le sujet vous intéresse, je vous suggère de lire cet article ainsi que les commentaires qui m’ont, personnellement, bien éclairée.

Bref, le roman aurait pu être intéressant s’il avait été mieux traité, si on avait donné une voix à un personnage fort comme Rahim au lieu de le déshumaniser, de le victimiser. C’est la première fois que ça arrive, mais ce n’est malheureusement pas un roman que je conseille.

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