Nauetakuan un silence pour un bruit

Natasha Kanapé Fontaine, éditions XYZ, 2021, 252 pages.
En plein cœur de Montréal, Monica, jeune étudiante en histoire de l’art, renoue quelque peu avec ses origines alors qu’elle assiste à une exposition d’une artiste autochtone multidisciplinaire. Elle fait, au même moment, la rencontre de Katherine, avec laquelle elle nouera des liens puissants et retrouvera les beautés des cultures des Premiers Peuples.
« — Tu trouves pas que ça démontre à quel point, au Canada, c’est hiérarchisé, les études? En tout cas, c’est moi qui trouve ça. On dirait qu’il y a plus de Blancs qui étudient en études autochtones que d’Autochtones qui vont dans ces études…
[…]
Jusqu’à un certain point, elle a toujours su qu’il y avait des déséquilibres, une injustice dans les chances, dans l’accessibilité aux études. Elle n’avait jamais réfléchi au fait que c’était quelque chose sur quoi on pouvait agir. Qu’on devait agir. »
Nauetakuan un silence pour un bruit, p.120
C’est la première fois que je lis Natasha Kanapé Fontaine. J’entends beaucoup parler d’elle comme poétesse, mais moins comme autrice de fiction. J’ai aimé ce que j’ai découvert ici. Ça s’éloignait des autres livres de littérature autochtone que j’ai lus. J’ai trouvé l’ambiance de celui-ci un peu plus légère, quoiqu’on retrouve toutefois toujours la présence du trauma intergénérationnel causé par les pensionnats. Comme Monica, on se laisse bercer par tout ce qu’on découvre des cultures autochtones. La première exposition, qui est l’élément déclencheur de l’histoire, m’a beaucoup touchée. J’aurais aimé la voir. Elle m’a beaucoup fait penser à l’album Si je disparais de Brianna Jonnie publié chez les éditions de l’Isatis.
J’aime constater qu’il y a des ressemblances entre les différents récits autochtones, notamment l’ode à la nature et l’importance de renouer avec ses origines. Ce sont des toiles de fond qu’on retrouve beaucoup, notamment chez Michel Jean. Des thématiques qui ont quitté la littérature québécoise depuis l’industrialisation.
J’ai apprécié le personnage de Monica, sa quête pour se retrouver et les différents voyages qu’elle fait pour y parvenir. J’ai d’autant plus apprécié que ces voyages aient lieu un peu partout, et pas que sur sa terre natale.
Ce qui m’a peut-être un peu plus agacée sont les dialogues que j’ai trouvés abondants, mais surtout trop loin de la narration. Le parler naturel me paraissait plaqué, entre autres à cause des nombreux hahahaha. Je pense qu’il y a moyen de partager le sens de l’humour et le plaisir de rire autrement qu’en ponctuant chaque dialogue de hahahah.
Bref, c’est une autre belle lecture pour ma valise. J’aime découvrir les textes des Premiers Peuples, voir la vie à partir de leurs yeux. Ce roman n’en fait pas exception.