O’ la traversée

Nadine Walsh (texte) et Julie Rocheleau (illustrations), éditions Planète rebelle, collection Perdre le nord, 2023, 93 pages.
Fiona, 9 ans, quitte seule l’Irlande et sa famine pour le Canada. L’attend alors une longue traversée en bateau pendant laquelle elle rencontre des Fairies et une conteuse hors paire qui permet d’oublier quelques instants la puanteur et la noirceur de la cale.
J’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce court roman qui nous fait découvrir les personnages magiques issus du folklore irlandais. À travers les contes de Dagada, on découvre les histoires qui parsèment l’imaginaire de l’Irlande. J’ai aimé rencontrer des créatures que je connaissais déjà, comme les sirènes, les fées et les elfes, tout en apprenant (notamment par le biais de la notice à la fin) que celles-ci étaient d’origine irlandaise.
On sent, dans l’écriture de Nadine Walsh, la conteuse en elle. Le vocabulaire, parfois un peu plus relâché (j’en aurais toutefois pris plus!), et les nombreuses rimes ou répétitions en font un livre très agréable à lire à voix haute (ce que j’ai d’ailleurs fait pour ma mini).
« C’est la pipe de mon grand-père Yoric. Il était aveugle et pour gagner sa vie, il racontait des histoires. Il n’était pas riche, mais ne manquait de rien. C’est de lui que je tiens mes histoires. Un jour, il m’a dit : ce sera ton seul héritage, ma p’tite Dagada…»
O’ la traversée, p.36
Le message derrière toute cette histoire est aussi franchement intéressant : s’il n’y a personne pour raconter les histoires, pour croire aux contes, ils meurent. Ça prend des conteuses comme Dagada ou des enfants comme Fiona pour garder la magie en vie. Une belle leçon d’imagination et de culture dont on ne veut pas se débarrasser.
Bref, je crois que Planète rebelle lance ici une très chouette collection qui réjouira les amateurices de contes. Un beau roman pour enfants qui rappelle l’importance de garder son imagination éveillée et qui nous permet de mettre en lumière la part irlandaise de notre pays.