Prague

Maude Veilleux, Éditions du Septentrion (Hamac), Québec, 2016, 107 pages.

On avance dans ce roman en même temps que la narratrice avance dans l’écriture du sien. Elle nous partage son histoire de couple ouvert, sa relation avec son amant qui devient peut-être plus qu’un amant. Nous sommes les confidents de ses questionnements amoureux, de ses récits de baise, de ses sorties trop arrosées, de son roman qui n’avance pas assez à son gout. Nous sommes ceux qui l’écoutent partager son désespoir, ceux qui l’accompagnent dans sa quête de solitude.

J’écris cette critique après une bonne nuit de sommeil. Beaucoup trop d’émotions ont ressurgi une fois ma lecture terminée. Je n’ai pu m’empêcher de prendre mon portable sur mes genoux et d’écrire. Maude Veilleux m’a donné le besoin de mettre sur écran mes sentiments, ma rage. Si on oublie la partie du couple ouvert et des questionnements dans la relation amoureuse, je me suis retrouvée dans le personnage de l’auteure troublée. L’impression de folie qui ne la quittait pas. Ce besoin viscéral de solitude, mais cette peur constante d’être seule.

Je développe une passion pour ces récits de l’autofiction. Ces femmes comme Vanessa Beaulieu (Folie passagère), Nelly Arcan (Putain, Folle), et maintenant Maude Veilleux, qui n’hésitent pas à mettre sur papier leur folie, leur quête de soi, de l’amour. J’aime voir qu’on brise les tabous qui cachent ces vices et qu’on accepte de les dévoiler au grand jour. Ces travers ne nous mènent pas vers le bonheur, mais les écrire mènera peut-être à une solution.

Prague est un excellent roman sur la nécessité d’écrire, de se créer un personnage pour oublier notre réalité, sur cette dépendance de l’autre. Si ces thèmes vous rejoignent, je vous conseille ce roman sans hésiter. En cliquant juste ici, vous pouvez commander le roman et encourager les librairies indépendantes du Québec.

« J’avais remarqué que lors de mes crises d’angoisse j’avais le réflexe d’aller valider mon existence sur Facebook. J’avais une trace de moi, des photos, un certain nombre d’amis classés par catégorie, j’avais des intérêts, des discussions. C’était très rassurant de se sentir présent dans le monde. J’ai une fiche, je suis. En parallèle, je pouvais aussi me dire : j’ai un livre, j’existe. Cela validait mes douleurs, les rendait nécessaires. » (Prague, p.48)

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