Le dernier qui sort éteint la lumière

Simon Boulerice, Éditions Québec Amérique, Collection Titan, Montréal, 2017, 211 pages.
Arnold et Alia sont jumeaux. Pourtant, ils sont bien différents : alors qu’Alia est très extravertie, qu’elle adore le théâtre et qu’elle n’est pas gênée de laisser savoir à qui veut bien l’entendre que oui, elle a deux papas (et deux papas qui s’aiment à la folie!), Arnold est plus réservé et préfère garder cet aspect de leur vie familiale secret. Une question brûle pourtant les lèvres des deux jumeaux : entre Julien et Édouard, lequel est leur VRAI papa? C’est à travers treize lettres qu’ils leur offrent pour leur treizième anniversaire que Julien et Édouard, alias Papou et Poupa, élucideront ce mystère.
Je ne suis jamais déçue lorsque je lis du Simon Boulerice. Bien que ce roman s’adresse aux adolescents un peu plus jeunes, l’auteur sort encore une fois de l’ordinaire en abordant un sujet peu exploité en littérature jeunesse, celui de l’homoparentalité. L’histoire nous fait bien comprendre que même si Alia et Arnold ont deux papas, ce sont des enfants comme les autres. Ils ont les mêmes questionnements que n’importe quel enfant, ils vivent leur premier amour, leur premier échec. Ils sont à l’âge où tout devient matière à réflexion.
Honnêtement, j’ai été troublée par cette envie nécessaire que ressentaient Alia et Arnold de découvrir lequel de Papou et Poupa avait été le donneur. J’avais l’impression que de le savoir briserait toute la magie, les porterait à aimer un de leur papa plus que l’autre. Tout au long du roman, j’ai espéré qu’on ne le saurait jamais. J’ai fini par comprendre que comme n’importe quel enfant adopté, les jumeaux avaient besoin de savoir qui les avaient créés. De qui ils retenaient tel ou tel aspect de leur personnalité ou de leur physique. J’ai aussi fini par me faire à l’idée que l’amour qu’on a pour nos parents est plus important encore que les liens du sang. Ce sont les liens de la vie, les liens de l’amour.
Outre cette quête de savoir qui est le papa donneur, à travers les treize lettres, on revient sur toute l’histoire d’amour de Julien et Édouard. Et cette histoire, elle est belle, très belle, oui, mais elle est banale. Et je n’utilise pas ici le terme « banal » dans un sens péjoratif. Je veux plutôt dire que c’est une histoire d’amour comme l’auraient vécu un homme et une femme. C’est une histoire d’amour, point. Les premiers émois qu’ont vécus Julien et Édouard sont comme ceux que vivra Arnold pour Cassandre. C’est ce que tente de nous faire comprendre le roman et c’est aussi la quête vers laquelle se dirigera peu à peu Arnold. Avoir deux papas, c’est avoir une famille, point. Pourquoi devrait-on en être gêné?
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« Quand je compare mes parents à ceux de Yannick (la mère de Max est célibataire), je vois bien qu’ils ne sont pas si différents. Il y a aussi dans leur couple des périodes d’amour entrecoupées de disputes banales. Des chicanes pour des niaiseries. […] Mes papas n’échappent pas aux trivialités du quotidien des couples hétérosexuels. La seule différence : ce sont deux hommes » (Le dernier qui sort éteint la lumière, p.108).