Le sexy défi de Lou Lafleur

Sarah Lalonde, Éditions Bayard Canada, Collection Crypto, Montréal, 2017, 206 pages.
Lou, à l’aube de ses seize ans, voit son excitation descendre le jour où elle apprend dans un reportage télévisé que l’âge moyen des premières relations sexuelles chez les Québécoises est de quinze ans. Comme elle ne veut pas faire partie de ce qu’elle appelle « les attardées sexuelles », elle se donne la mission d’avoir cette première relation avant d’atteindre la date fatidique, qui n’est plus que dans deux mois.
« D’un coup, je réalise que j’ai quinze ans, presque seize, et que je suis encore… vierge. Horreur et damnation! Bientôt, je ne serai plus dans la moyenne. J’entrerai même dans la catégorie des… attardées sexuelles » (Le sexy défi de Lou Lafleur, p.11).
Je considère que ce roman est une idée de génie, rien de moins! La sexualité est un sujet qui se promène sur toutes les lèvres à l’adolescence. Comment « réussir » sa première fois? Est-ce que la première fois fait mal? Si je n’ai pas eu de relation sexuelle à la fin de mon secondaire, est-ce qu’on se moquera de moi? Comment mon/ma futur.e partenaire réagira si je ne suis pas expérimenté.e? Comment ça fonctionne toutes ces histoires de fellation, de pénétration, de positions? Des questions qui restent bien souvent sans réponse pour beaucoup d’adolescents.es ou dont les réponses viennent par des chemins parfois douteux…
Nombreux sont les éléments que je voudrais féliciter dans ce roman. Outre le sujet, qui semble être beaucoup trop tabou, mais dont on devrait parler davantage, l’auteure n’hésite pas à appeler un chat un chat. Apprenons à dire les vrais mots, à ne pas avoir honte de parler de pénis et de vagin. Est-ce réellement en étant gêné de nommer les vraies choses que l’on enlèvera le gout aux jeunes de découvrir ce qu’est la sexualité? Est-ce que cela enrayera les problèmes d’ITSS, de grossesse précoce, de relations sexuelles non protégées, de relations qu’on tente de faire comme dans les films pornographiques? Sarah Lalonde, à travers une histoire bien ficelée et ô combien humoristique, offre ici un roman où le lecteur peut en apprendre beaucoup, sans nécessairement s’en rendre compte. Les questionnements de Lou et les réponses qui lui viennent de son entourage permettent au jeune lecteur de comprendre que les interrogations qui l’obsèdent ne sont pas étranges.
J’ai aussi beaucoup apprécié le fait que ce soit UNE protagoniste. Dans les films, on voit souvent les ados garçons chercher à être dépucelés avant la fin de leur secondaire. C’est souvent eux qui se donnent ce « sexy défi ». Pourtant, les filles ont tout autant cette pression sur leurs épaules. Il est intéressant d’avoir le point de vue de la narratrice, de se réconforter, entre filles. La sexualité, ce n’est pas qu’une affaire de garçons!
Lire Le sexy défi de Lou Lafleur, c’est passer un moment de lecture agréable, mais aussi se rassurer en tant que jeune qui cherche à mieux comprendre les mystères de la sexualité. On y traite d’ailleurs d’une panoplie de sujets dont la protection, la fellation, le vocabulaire, le « comment ça fonctionne », la recherche de partenaire, l’importance de l’amour derrière la première fois, et plus encore. C’est un roman à mettre entre toutes les mains! Arrêtons de penser que ne pas en parler permet de remettre le questionnement ou l’acte à plus tard.
« Même si on entend partout : « Quand la jeune fille saigne, c’est alors qu’elle devient femme. » Moi, je dis : « Foutaises! » À douze ans, j’ai peut-être commencé à saigner, mais je jouais encore allègrement à la pouliche et n’avais aucune sensation d’être « femme » » (Le sexy défi de Lou Lafleur, p.198).
La folle échappée de Lou Lafleur
Le retour de Lou, je ne m’y attendais pas, mais j’étais très contente! Curieuse j’étais de voir où nous mènerait cette fois Sarah Lalonde, j’avais des attentes hyper élevées! Malheureusement, je n’ai pas été aussi conquise dans ce deuxième opus. Au contraire, j’ai été déçue…
Le vocabulaire direct du premier tome m’avait plu étant donné que la sexualité en était le sujet principal. Or, dans celui-ci, je l’ai trouvé de trop. Les références ici et là, le semblant d’obsession, ça m’a dérangée. Le vocabulaire trop familier aussi. L’abus de hashtags, de mots comme luv… J’avais parfois l’impression de lire ses textos!
Alors que Le sexy défi était, pour moi, recherché et complet, ce second tome n’était à mon avis pas bien dosé. On retrouve toujours l’humour de l’autrice, les grandes exagérations de Lou et ses histoires cocasses, ce qui rend quand même l’histoire légère en soi. Cela dit, elle n’a pas accoté mon amour pour le premier tome.