L’enfant mascara

Simon Boulerice, Éditions Leméac, Montréal, 2016, 180 pages.

Larry aime Brandon. Brandon n’aime pas Larry. Malgré tout, Larry continuera de démontrer son amour à Brandon au grand jour. Larry, c’est le genre de personne qui n’a pas honte d’elle-même. Larry, c’est le genre de jeune qui, désirant changer de sexe, n’hésitera pas à porter des jupes et à se pomponner. Larry/Leticia, c’est le genre d’adolescent cultivé, brillant, passionné. Malgré tout l’attachement qu’on peut éprouver pour lui/elle, Brandon est incapable d’en faire de même. Brandon, lui, ira jusqu’à se débarrasser de Larry/Leticia.

Rien de ce que j’ai lu de Simon Boulerice jusqu’à présent ne m’a déplu. L’auteur a une plume particulière. Il a une façon bien à lui de raconter des histoires, de prendre un fait d’actualité, une cause, un sujet tabou, et d’en faire un chef d’œuvre. Avec L’enfant mascara, c’est encore une fois mission accomplie.

Bien que j’ai trouvé que le désir de changement de sexe de Larry/Leticia était soudain et que son amour pour Brandon était fou, je n’ai pu m’empêcher d’embarquer dans le récit. Sans être une histoire très mouvementée, ce que nous rapporte Larry/Leticia, c’est son amour pour Brandon. J’ai trouvé intéressant de voir que malgré le fait que cet amour ne soit pas réciproque, le narrateur n’abandonnait pas. Même si j’ai souhaité qu’il lâche prise à quelques reprises, je crois que c’est cette volonté d’aimer malgré tout qui a rendu le personnage si singulier.

Larry/Leticia chemine vers un changement de sexe. La transsexualité n’est pourtant pas, à mon avis, le sujet principal de ce roman. Que le narrateur soit Larry ou Leticia, que la personne qu’il aime soit un garçon ou une fille, cela a peu d’importance au fond. On traite toujours d’amour, d’un amour passionné, mais non réciproque. Par contre, le moment où ce détail devient important, c’est dans le geste que finit par poser Brandon. Un geste homophobe/transphobe. Le clash dans ce récit est intéressant : Larry/Leticia aime Brandon par-dessus tout. Et Brandon, meurtrier de Larry/Leticia, n’éprouve qu’haine et dégout pour cette personne qui l’a aimé peut-être même plus que sa propre mère. L’enfant mascara est un récit d’amour et de haine. C’est la transposition d’un fait d’actualité marquant. C’est la porte d’entrée vers une discussion sur un sujet difficile, mais ô combien nécessaire.

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« Que vois-tu de moi? Un ado efféminé qui, quand on l’appelle, balaie le coton obstruant sa vue derrière ses oreilles, comme s’il avait une longue chevelure? Ou peut-être as-tu plus de sensibilité? Peut-être me vois-tu comme je suis réellement : une fée dans le mauvais corps? » (L’enfant mascara, p.36-37)

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