À ciel ouvert

Nelly Arcan, Éditions du Seuil, 2007, 252 pages
Julie O’Brien a l’allure d’une femme fatale. Elle dégage une énorme confiance en elle qui attire tous les hommes qui osent croiser son regard, dont Charles, le copain de Rose. Cette dernière, complètement accro à la chirurgie esthétique, est prête à tout pour garder son homme. Rose voit donc Julie O’Brien comme une rivale. Pourtant, cela ne les empêchera pas de trouver un point commun : l’importance qu’elles accordent à l’apparence et aux hommes. Comme Julie travaille sur des documentaires, Rose lui arrive avec une idée selon laquelle il y a beaucoup plus de femmes que d’hommes sur la planète, particulièrement à Montréal où habitent les protagonistes. C’est pour cette raison que Rose est prête à n’importe quelle chirurgie pour garder Charles qui voit passer beaucoup trop de filles devant son objectif et sur son écran d’ordinateur.
L’histoire de ce roman est relativement ambigüe. Rose se bat contre Julie pour garder Charles, tandis que Julie se bat contre des anciennes dépendances, elle aussi pour garder Charles. Botox, implants et chirurgies encore plus surprenantes sont au rendez-vous. Je crois que l’auteure veut dénoncer la trop grande importance qu’on accorde à la beauté dans notre société. De plus, c’est une beauté que les deux protagonistes relient automatiquement au plaisir sexuel. Peut-être est-ce exagéré, mais les commentaires de l’auteure, sa façon de décrire les pensées de Rose et Julie ne servent qu’à dénoncer le fait qu’il n’y a pas de limites dans cette recherche d’une apparence « parfaite ».
À ciel ouvert promet un langage très cru, voire vulgaire. Les personnages ont des troubles qui sortent de l’ordinaire. Nelly Arcan n’a pas peur de dire les vraies choses. Son opinion est très tranchée, ce que j’ai bien apprécié. J’ai aimé cette façon simple de ne pas cacher ce qu’elle pense du monde dans lequel on vit. Quant à moi, l’histoire est secondaire dans ce roman. On ne suit pas les personnages dans l’évolution de leur relation amoureuse, mais bien dans leur évolution vers une perfection malsaine.
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« L’acharnement esthétique, soutenait Julie, recouvrait le corps d’un voile de contraintes tissé par des dépenses extraordinaires d’argent et de temps, d’espoirs et de désillusions toujours surmontés par de nouveaux produits, de nouvelles techniques, retouches, interventions, qui se déposaient sur le corps en couches superposées, jusqu’à l’occulter. C’était un voile à la fois transparent et mensonger » (À ciel ouvert, p.89-90).