Pourquoi suis-je incapable de détester un livre?

Ce n’est pas un secret, il m’arrive de ne pas terminer les livres que je commence. Ce peut être parce que l’histoire ne m’accroche pas, parce que la plume ne me rejoint pas ou parce que le livre ne tombe pas à un bon moment. Ça m’arrive de renoncer à une lecture et de ne pas y revenir. Mais vais-je pour autant affirmer que j’ai détesté le livre? Non. J’en suis incapable.
Pour avoir écrit moi-même trois livres, je suis consciente du travail qui se trouve derrière chaque petit bijou que nous nous plaisons à tenir entre nos mains. Que le livre ait été pris en charge par un éditeur, qu’il soit resté entre les mains de son auteur, qu’il ait séjourné sur les tables de chevet de ses proches ou qu’il ait été scandé best-seller, il plaira à un certain nombre de lecteurs et déplaira à un certain autre nombre. C’est ainsi, point.
J’ai cette petite voix dans ma tête qui me rappelle chaque fois que je lis un livre et que celui-ci ne m’accroche pas qu’il finira, un jour ou l’autre, par trouver un lecteur qui l’ajoutera à sa liste de « livres marquants ». Je me sens donc incapable de dire que je déteste le livre. J’ai cette impression de juger les gouts des autres, alors que je n’en ai aucunement le droit.
J’ai aussi cette petite voix qui me rappelle que, lorsqu’un livre me plait moins, ceux qui ont travaillé à sa création ont mis de nombreux efforts dans celle-ci. Qui suis-je pour juger ce travail et dire qu’il est médiocre? Que je le DÉTESTE. Je trouve ce mot très fort. J’ai l’impression de rejeter toutes qualités que pourrait posséder l’objet en affirmant le détester. Je préférerai utiliser un terme plus doux comme « déception », qui sous-entend que les attentes que j’avais face au livre n’ont pas été comblées, mais que le livre n’est pas pour autant mauvais. Je crois que lorsqu’on ne se borne pas à dire qu’on déteste un livre, on est capable de lui trouver une ou deux qualités, voire plus.
J’ai pour mon dire que lorsque qu’une personne (ou plusieurs personnes) met les efforts nécessaires à créer un objet duquel elle est fière, elle mérite qu’on sache reconnaitre ces efforts et l’en féliciter. C’est pourquoi quand je partage avec vous mon avis, je tiens à souligner un aspect positif de l’œuvre et à penser à celui ou celle qui retrouvera dans cette œuvre le petit quelque chose qui n’est pas venu me chercher.
Je considère que la nuance est importante. Elle l’est surtout pour les lecteurs qui sont des modèles. Je pense ici aux enseignants, aux parents, aux grands frères ou aux grandes sœurs. Les gouts ne se discutent pas. Rien de mieux qu’argumenter pour faire valoir son point, pour expliquer pourquoi on a moins aimé un livre qu’un autre. Mais rien de mieux aussi que d’accepter que ce livre qui vous a tant déçu a peut-être été un coup de cœur pour celui qui vous l’a conseillé. Détesterez-vous cette personne pour autant?
Je suis à la fois d’accord et pas d’accord, je m’explique je peux détester un livre en détestant un personnage surtout si c’est le personnage principal, je peux aussi détester un livre qu’on m’oblige à lire comme au lycée et je peux surtout détester un livre pour les idées véhiculés comme par ex sur le non-consentement sur le viol, sur les clichés, préjugés racistes sur une communauté que ça soit dans la fiction dans un livre comme dans la vraie vie! La fiction forge aussi nos idées, nos valeurs etc et du coup les messages véhiculés sont aussi importantes et je peux détester certains messages véhiculés qui prônent la culture du viol, les préjugés racistes etc pour moi on ne peut pas rire de tout et surtout pas avec n’importe qui et l’humour peut blesser et tuer! Mais à part ça, je suis d’accord , tous les goûts sont dans la nature, je ne dirais jamais « ce livre est nul à jeter, à déconseiller, un enfant aurait pu l’écrire etc » ce sont des com que j’ai vu sur facebook qui m’ont choqué et des propos entendus aussi par des booktubeuses et blogueuses qui ne se rendent pas compte de l’impact de leurs mots j’ai l’impression! Et je n’aime pas ça, ces propos ne sont pas du tout respectueux pour les auteurs qui ont mis du temps pour écrire, dont leurs livres sont comme des bébés etc je ne suis pas auteure mais j’aime écrire et je comprends tout à fait qu’on puisse pas aimer ce dont on écrit mais le dire avec tact et respect c’est la moindre des choses!
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Je suis d’accord avec toi. Il m’arrive également de détester le message ou les valeurs véhiculés parce qu’ils vont à l’encontre des miens.
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Chère Bibliomaniaque,
Comme ce point de vue nuancé sur le livre rend la vie belle. Et comme vous avez raison de le partager. Il m’est souvent arrivé de recommander la lecture d’un titre à quelqu’un qui l’avait déjà lu et qui ne l’avait pas du tout aimé… Quelle surprise qui m’a amenée à comprendre que chacun va chercher dans la vie ce qu’il lui faut et qu’une lecture est un acte très personnel.
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Oh oui, j’aime cette façon de voir la vie comme un acte personnel!
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