Je suis une fille de l’hiver

Laurie Halse Anderson, Éditions J’ai lu, Paris, 2017, 312 pages.
Lia et sa meilleure amie Cassie étaient auparavant inséparables, jusqu’à ce qu’une chicane les éloigne. C’est pendant cet évanouissement de leur amitié qu’un drame se produit : Cassie meurt dans une chambre d’hôtel. Lia, qui mène déjà un combat contre l’anorexie, se voit imposer un nouveau démon : celui de sa meilleure amie disparue.
Il est important pour moi, lorsque je plonge dans une lecture, de ressentir quelque chose pour le ou les personnages principaux. Que ce soit de l’empathie, de la jalousie, de l’amitié ou de la haine, pour qu’un livre me plaise totalement, le protagoniste doit me faire réagir. Malheureusement, ce ne fut pas le cas avec Lia ou sa meilleure amie Cassie. Même si Lia, la narratrice, vit un drame difficile, elle ne m’a pas permis de ressentir quoi que ce soit. Je la trouvais fade, voire sans émotions elle-même.
Par contre, pour ce qui est de l’histoire en général, j’ai bien apprécié. J’ai lu peu de livres sur les troubles alimentaires, donc je trouve toujours agréable de découvrir un combat différent. Lia est très prise avec toutes ses obsessions et l’auteure nous l’illustre de manière intéressante : chaque fois que la protagoniste pense à manger (ou est forcée de manger), elle inscrit le nombre de calories entre parenthèses. On comprend alors très bien tout ce qui se passe dans sa tête au moment de subvenir aux besoins de son corps qui ne correspondent pas à ceux de son esprit.
Un élément particulier de cette lecture qui m’a marquée est les « trucs » qui sont donnés aux lecteurs-trices pour cacher son trouble alimentaire. Je comprends qu’on doit savoir ce que Lia fait pour mieux imaginer jusqu’à quelle profondeur elle est enfouie, mais je ne suis pas certaine que je laisserais ce roman entre les mains de n’importe qui. Pas que je veuille le censurer, mais j’aurais peur qu’une personne fragile exploite cette lecture pour faire comme la protagoniste. Est-ce pour autant une lecture que je déconseille à tous et à toutes? Non.
Finalement, Je suis une fille de l’hiver m’a beaucoup fait penser au roman de Mikella Nicol, Les filles bleues de l’été (drôle de contraste quand même). Si vous avez apprécié ce dernier, le livre de Laurie Halse Anderson risque de vous plaire aussi pour son histoire d’amitié particulière, voire toxique. Vous pouvez le commander et encourager les librairies indépendantes du Québec en cliquant ici.
« Je sors le bras de l’eau. C’est une bûche. Je le replonge et il devient carrément énorme. Les gens regardent la bûche et appellent ça une brindille. Ils me hurlent dessus parce que je ne vois pas la même chose qu’eux. Personne n’est en mesure de m’expliquer pourquoi mes yeux ne fonctionnent pas comme les leurs. Personne ne peut m’aider. » (Je suis une fille de l’hiver, p.224)