Sauvage, baby & Les chiens

Patrice Godin, éditions Libre Expression, Montréal, 2018, 262 pages.
Sam est un ancien opérateur des Forces spéciales alors qu’Alexia est une jeune femme trans, essayant d’échapper à son proxénète qui prend pour acquis qu’elle lui doit tout. Alors qu’elle tente de retrouver un semblant de liberté, elle croisera la route de Sam qui la prendra sous son aile.
« Il avait vu le pire de l’homme, ce que peu de gens pouvaient même concevoir comme possible. Il avait vu le pire, mais aussi le meilleur. Il avait vu des hommes faire le sacrifice ultime dans l’unique but d’en sauver d’autres. Le bien, le mal, tout cela existait, à différents degrés, pas besoin de croire en Dieu ni au diable. C’était un combat sans fin. » (Sauvage, baby, p.148)
Je connaissais Patrice Godin en tant que comédien. Autant ai-je pu le détester dans District 31 que j’ai pu l’adorer dans Blue Moon. Aujourd’hui, je peux affirmer que je l’aime aussi en tant qu’auteur. Je ne dirais pas que j’ai découvert ici une plume incroyable, mais une histoire intrigante. Le roman, très touchant, aborde les thématiques de la guerre, de la mort, de la peur et de la liberté. Sam a longtemps été prisonnier de son rôle d’opérateur, de justicier masqué, alors qu’Alexia était prisonnière de son rôle de prostituée. On les a tous deux enfermés dans une coquille dans laquelle chaque pensée, chaque geste, étaient contrôlés. En se trouvant, ils finissent par gouter à la liberté d’être eux-mêmes, de s’échapper de cette coquille trop souvent fracassée.
J’ai été un peu déçue par le dénouement qui me semblait trop faux pour être imaginable. J’aurais aimé échapper à la violence, aux cachotteries. C’était selon moi une solution trop facile, trop prévisible. Toutefois, le reste du roman m’a bien plu. J’ai aimé suivre les deux personnages dans leur évolution personnelle, mais aussi dans leur évolution en tant que dyade. Chacun doit vivre avec un stress post-traumatique, ce qui, d’une certaine manière, permet de les rapprocher. Il se crée alors une belle confiance entre les deux inconnus.
Les chiens

Patrice Godin, éditions Libre expression, 2020, 292 pages.
Après le drame qu’ont vécu Alexia et lui, Sam vit de nombreux épisodes de stress post-traumatiques en lien avec sa carrière militaire. Avec la présence de sa douce à ses côtés, il parvient à mener un semblant de vie normale jusqu’à ce que son passé le rattrape et que la vengeance cogne à sa porte.
J’ai moins aimé ce roman que le premier. Tout d’abord, on se retrouve précipité.e dans l’action vers le dernier tiers du roman, les deux premiers s’étirant un peu plus en longueurs. Tout déboule très rapidement à la fin, ce qui est compréhensible considérant la vitesse à laquelle les personnages vivent la situation décrite, mais le début m’a quelque peu fait décrocher.
« Ils avaient donné la mort à des hommes qui étaient des chacals, pires que des monstres. Ils avaient tendu la main à des enfants qui avaient tout perdu. Ils avaient connu l’horreur sous toutes ses formes, l’horreur comme une plaie béante, un cancer qui s’étendrait sur la surface de la terre. » (Les chiens, p.198-199)
L’histoire présentée dans ce roman m’a fait penser à la dernière saison de la série télé Blue Moon, dans laquelle a joué l’auteur. Par sa violence barbare, ses lieux cachés, ses complots et son terrorisme, j’ai perdu l’intérêt. D’ailleurs, j’ai sauté certaines descriptions dans les deux premiers tiers du livre qui s’attardaient aux armes et aux complots dans lesquels étaient plongés les jumeaux Kowalski, personnages centraux dans le passé de Sam. La question de vengeance omniprésente dans le roman pousse à réfléchir sur le mal, sur la zone grise qui se retrouve entre celui-ci et le bien.
Bref, il s’agit d’un roman qui s’adresse à un public duquel je ne fais pas partie. Je crois que ceux.celles qui ont aimé Blue Moon apprécieront ce roman.