Comme un coup de poignard

Ariane Charland, éditions de Mortagne, collection Tabou, Boucherville, 2016, 314 pages.

Jeanne a des douleurs persistantes lors de ses relations sexuelles. Contrairement aux autres filles qui perdent leur virginité, la douleur de Jeanne a continué lors de chacune de ses relations. Cela la pousse à se fermer comme une huitre. Pourquoi ouvrir son cœur si elle sait que le garçon le lui brisera quand il saura qu’elle ne peut pas avoir de relations sexuelles? Pourtant, Luka réussira malgré elle à percer cette coquille.

Encore une fois, la collection Tabou aborde une thématique peu traitée dans la littérature, qu’elle soit pour la jeunesse ou pour les adultes. Le sexe lui-même a toujours semblé tabou. On se fait une image par rapport à ce qu’on voit à l’écran ou à ce qu’on entend. Tout semble toujours excitant et « facile ». Pourtant, ce n’est pas le cas de tous les garçons et de toutes les filles. Dans ce roman, le personnage de Jeanne souffre de vestibulodynie, qui rend toute pénétration insupportable. Pour elle, comme pour plusieurs d’entre nous, il n’est pas normal de ne pas avoir de relations sexuelles fréquentes. Pour qu’un couple fonctionne, pour que le partenaire soit heureux, il faut qu’il y ait des relations sexuelles complètes. Cela lui met donc une énorme pression qui la bloque dans ses relations, complètes ou non.

Ce que j’ai le plus apprécié de ce roman est qu’il est écrit sous le point de vue de Jeanne, mais aussi celui de Luka. Bien que celui-ci soit extrêmement charmant, ce blocage sexuel a des impacts négatifs sur lui aussi. Que ce soit sur sa relation ou sur son orgueil, il vit avec la maladie de Jeanne autant qu’elle.

Même si Jeanne vit avec une maladie précise et que le roman tourne autour de celle-ci, la pression exercée par les médias par rapport au sexe est omniprésente. Pour n’importe quel jeune (et moins jeune), dès qu’un petit quelque chose est différent de ce qui est véhiculé, la culpabilité embarque et rend cet acte particulier angoissant. Pour traiter de la pression chez les jeunes, ce roman est très intéressant! Il déconstruit l’image que toute relation sexuelle est pareille.

« Je lui parlais de ma douleur, bien sûr, mais il me disait que je n’avais qu’à l’arrêter si ça faisait trop mal. Je n’ai jamais osé. J’avais honte. Honte de ne pas aimer le sexe alors que tout le monde ne parle que de ça. » (Comme un coup de poignard, p.65-66)

J’ai été presque choquée de voir l’image qu’avait Jeanne d’elle-même. Tout au long du roman, elle répète qu’elle est « défectueuse » ou « bonne pour la ferraille », comme si elle se considérait comme un objet. Encore une fois, cela illustre le poids qui pèse sur les épaules des jeunes en ce qui a trait à la sexualité. Il FAUT le faire. Il FAUT avoir des partenaires, mais pas trop parce que sinon, attention l’image véhiculée hein! Il FAUT partager nos exploits. Toutes des pensées qui nécessitent d’être effacées afin de redonner à la relation sexuelle son côté romantique et personnel. Bref, je conseille vivement ce roman à vos ados, n’importe lesquels. Vous pouvez le commander et encourager les librairies indépendantes du Québec en cliquant ici!

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