Enseigner la révision de texte

En septembre dernier, j’ai commencé l’année scolaire en disant à mes élèves qu’ils devaient s’attendre à écrire beaucoup dans ma classe. Ce fut effectivement le cas. Au total, mes élèves ont rédigé, lors des deux premières étapes, six textes différents, dont quatre ont été produits jusqu’à la version définitive. Nous avons varié les manières d’écrire : un texte a été écrit en équipe de A à Z, un à l’ordinateur et un à la maison, qui a été remis à des personnes âgées seules. Comme nous travaillions les genres narratifs du conte, du mythe et de la légende, j’ai aussi fait écrire trois versions provisoires à mes élèves une fois que les genres avaient été vus et travaillés. Au retour des fêtes, chacun avait donc une version provisoire d’un conte, d’un mythe et d’une légende. Mon but? Leur faire travailler la révision de texte afin qu’ils me remettent un seul texte pour la fin d’étape, soit celui dont ils étaient le plus fiers.
Pourquoi enseigner la révision?
Comme leurs textes étaient déjà écrits, il ne nous restait plus qu’à travailler sur la partie la plus souvent escamotée : la révision. J’ai introduit ma séquence d’apprentissage en mentionnant aux élèves que n’importe quel livre qu’ils tenaient entre leurs mains était passé par tout un processus de révision où l’auteur ou l’autrice barrait de longs passages, en réécrivait, changeait des mots, etc. Je leur ai aussi rappelé qu’on n’appelle pas la première version un brouillon pour rien. Ce n’est pas normal que leur première version soit belle comme leur dernière. Je veux voir des changements!
Quatre stratégies de révision à appliquer
Il faut dire que j’ai reçu énormément d’aide de la part de ma conseillère pédagogique pour préparer cette séquence. Au début, ce n’est pas du tout vers ce genre d’activité que je me dirigeais, mais plus nous discutions, plus j’étais motivée à montrer à mes élèves que même s’ils ne sont pas tous de grands auteurs en devenir, ils peuvent écrire des textes desquels ils sont fiers.
Ma conseillère m’a donc montré quatre stratégies que j’ai, par la suite, montrées à mes élèves à partir d’exemples concrets. Après leur avoir enseigné chacune des stratégies, qu’ils connaissaient déjà mais utilisaient sans nécessairement mettre un nom sur celles-ci, je les ai appliquées individuellement sur des extraits de textes qu’ils avaient eux-mêmes rédigés. J’ai partagé avec eux le texte avant, ce que j’ai observé, puis ce que j’ai modifié à partir de mes observations. Une fois les quatre stratégies illustrées, nous avons fait le même exercice, ensemble, mais en appliquant les quatre stratégies sur un même extrait de texte.
Appliquer les stratégies de façon autonome
Une fois la « théorie » passée, les élèves ont, en équipes, révisé un extrait de texte encore une fois rédigé par un élève. Leurs discussions étaient vraiment intéressantes. J’ai pu observer leur démarche, ce qu’ils trouvaient inadéquats dans le texte exercice. La plupart ont su relever les éléments sur lesquels j’avais porté une attention particulière pendant la théorie, mais surtout, ils ont su utiliser les bons termes.
Ils ont également eu un cours pour réviser leur propre texte. J’ai constaté en revanche que rendu à cette étape, c’était plus difficile que lorsqu’ils travaillaient un texte qui n’était pas le leur. Toutefois, j’ai eu l’occasion de voir leur démarche à nouveau puisqu’ils venaient me poser des questions très ciblées. Au lieu du traditionnel-imprécis : « Peux-tu me dire si c’est correct? », je répondais à : « J’ai essayé de substituer le verbe être ici devant un adjectif, mais je n’arrive pas à trouver un synonyme qui s’équivaut. Peux-tu m’aider? ». Je pouvais donc leur rappeler qu’il était aussi possible d’appliquer la stratégie de la suppression qui, dans bien des cas, fonctionne avec le verbe être!
Ce que j’améliorerais
À la suite de cette séquence, je suis extrêmement satisfaite des textes de mes élèves. Plusieurs ont vu leur résultat grandement s’améliorer depuis le début de l’année scolaire, et ce même si, dans ce texte, j’ai effectué une correction un peu plus sévère considérant que nous avions travaillé fort sur certains éléments. J’ai été impressionnée par la variété et la richesse de leur vocabulaire. Ils cherchaient vraiment à trouver le synonyme le plus évocateur.
Cependant, l’une des contraintes qui m’a le plus dérangée est le temps. J’aurais aimé faire davantage d’exercices sur chacune des stratégies, où les élèves auraient dû manipuler le texte au lieu de juste utiliser le papier et le crayon. J’aurais aussi aimé leur laisser plus de temps pour réviser leur texte, autant individuellement qu’avec leurs pairs. J’aurais ainsi pu mieux les accompagner.
Bref, c’est certainement une expérience que je répéterai et une séquence que je peaufinerai. J’aimerais peut-être aussi l’essayer avec le texte courant, mais il me faudrait revoir les stratégies et les questions à poser pour bien les appliquer. À suivre!
Quel super boulot! Bravo 🙂 Clap, clap!!
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Merci!
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