Tourterelle

Eve Patenaude, éditions Québec Amérique, collection Magellan, 2020, 159 pages.

Tourterelle a un travail bien particulier : elle est porte-bonheur. C’est d’ailleurs depuis qu’on l’a surnommée ainsi qu’elle exerce ce « métier » qui, malgré toute la chance qu’il apporte aux autres, ne semble pas lui sourire, surtout dans le présent, où elle est cloitrée dans une grande maison où la solitude règne.

Cette histoire a une aura bien singulière. Bien que la profession de Tourterelle nous semble limpide, il est difficile de la comprendre et d’y adhérer complètement, notamment parce que la protagoniste n’y croit pas elle-même. De plus, comme tout est arrivé très soudainement, on se demande s’il n’y a pas une explication rationnelle derrière tout cela. Avec la narration parallèle qui nous fait naviguer entre le passé et le présent, on en apprend plus sur ce qui a mené Tourterelle à exercer ce métier particulier, mais aussi à le faire recluse au fond des bois.

Même si j’ai trouvé le roman très beau et doux, je l’ai aussi trouvé un peu vide. Le personnage de Tourterelle apporte son lot de chance à d’autres comme Erik, mais j’aurais aimé qu’on approfondisse un peu plus les conséquences de son rôle de porte-bonheur sur ceux et celles qui sont plus près d’elle. C’est un aspect plus secondaire, voire tertiaire du roman, alors qu’il aurait, à mon avis, mérité d’être plus étoffé. Tout cela m’a semblé trop « facile ». Et pourtant!

Tout de même, il s’agit d’un bon roman, qui se lit rapidement et qui, avec son petit mystère, nous garde attaché. Je ne sais pas si sa place devrait réellement se trouver en littérature jeunesse (qu’est-ce qui fait qu’un livre fait partie ou non de la littérature jeunesse, d’ailleurs? C’est un autre débat!), mais il se placerait très bien dans les rayons de littérature québécoise.

« C’était ce genre de tournant, dans une vie, qui est à la fois heureux et malheureux. Qui, sur le coup, paraît si difficile, mais auquel ensuite on repense avec soulagement, avec fierté. Le genre de chose qu’il faut faire, coûte que coûte, envers et contre tous, particulièrement soi-même. » (Tourterelle, p.146)

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