La haine qu’on donne

Angie Thomas, Éditions Nathan, France, 2018 (2017), 488 pages.

Starr n’a que 16 ans lorsqu’elle est témoin d’un deuxième meurtre duquel un ami est victime. Malgré toute la peine qui l’envahit, elle doit continuer de jouer le rôle de la Starr de Williamson, où elle étudie avec des Blancs. Pas question que les autres voient en elle une pauvre Noire qui vient du ghetto. Toutefois, à cause de toute l’injustice qu’a causée le dernier drame dont elle a été témoin, elle devra apprendre à concilier les deux Starr.

J’ai lu ce roman en février 2019, à l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs. Même si on constate de belles avancées concernant la discrimination, celle-ci est encore trop présente, et pas juste à l’extérieur du Canada. Des romans comme celui d’Angie Thomas, bien que ce ne soit pas une histoire vraie, sont nécessaires. La brutalité policière n’est pas qu’une trame dramatique parfaite pour la télé. Ce roman nous remet en pleine face certains gestes anodins qui prouvent que malgré l’avancement, une fois entré dans le cercle vicieux, c’est difficile d’en débarquer.

« C’est ça la haine qu’ils nous donnent, ma fille, un système conçu pour nous écraser. La Thug Life, c’est ça. » (La haine qu’on donne, p.190)

Je n’ai aucun point négatif à soulever sur ce roman. J’ai été touchée, frustrée, inspirée, du début à la fin. La longueur, juste parfaite, nous fait languir comme toute la famille de Starr et sa communauté. Cette frustration ressentie à l’idée qu’on ne connaissait pas encore le verdict nous permet de ressentir cette angoisse qu’ont vécue les personnages.

La protagoniste, quant à elle, fait preuve d’une résilience incroyable. Sa famille et elle nous permettent de comprendre ce qu’est réellement le courage. La gentille avocate insiste également sur le fait que la plus belle arme de Starr est sa voix. Au final, c’est ce qui va avoir le plus d’impact.

C’est une lecture troublante, notamment parce qu’elle est criante d’une vérité qui fait mal. Même si on se dit ouverts d’esprit, il y a encore beaucoup trop de préjugés qui règnent et qui influencent les paroles et les gestes. La partie n’est pas gagnée. Mais elle n’est pas perdue non plus, et c’est là-dessus qu’il faut se rabattre. On en parle, et c’est bien! Continuons de lire ces histoires pas toujours roses, mais qui nous remettent les yeux en face des trous.

4 Comments on “La haine qu’on donne”

  1. Je n’ai pas encore le bouquin mais il est commandé. Je l’attends avec impatience en espérant que sa conclusion sera moins mièvre que le film qui se termine de manière un peu trop consensuelle pour un tel sujet, surtout après avoir été aussi fort tout au long du récit. Commercialement, je me doute bien qu’il se vend mieux comme ça, politiquement, cette fin est aussi tiède que Barack Obama : beaucoup de charisme, peu de contenu et encore moins de révolte.

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  2. Il y a eu une adaptation de ce livre au cinéma l’année dernière, je crois. Vas-tu le regarder? Je pensais lire le livre avant et regarder le film ensuite, mais je suis assez lente dans mes lectures, donc je vais peut-être faire l’inverse aussi! 😜

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