Les danseurs étoiles parasitent ton ciel

Jolène Ruest, éditions XYZ, 2020, 283 pages.
Prunelle a fait ses études à l’École de ballet, dans le but de danser dans une grande compagnie. Toutefois, comme sa grand-mère le dit si bien, la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Le courant l’a menée bien loin du chemin qu’elle s’était dessiné…
Je suis conquise par ce roman tout en contraires! Alors que Prunelle incarne la rigueur de la danse classique, autant dans sa façon de s’exprimer que dans ses gestes toujours réfléchis, elle rencontre des personnages plus désinvoltes, comme Javel. J’ai d’ailleurs adoré ce personnage à la fois provocant et revendicateur. Tout au contraire de Prunelle, il s’exprime et agit librement.
« Moé, j’voudrais qu’toute la bouffe qui existe soit rescapée. Genre fuck les dates d’expiration. Faut s’servir de son nez dans ‘vie, pas des chiffres su’ l’emballage. » (Les étoiles parasitent ton ciel, p.165)
Ce qui m’a plu également dans ce roman est sa simplicité. Prunelle fait face à une seule problématique : ses aspirations ont fait banqueroute. Les autres personnages qui gravitent autour d’elle, qu’elle rencontrera d’ailleurs dans ses situations peu reluisantes, mènent leur vie dans la zénitude, et ce même si leur quotidien est loin de ressembler à ce que Prunelle considère comme le succès. On en vient à tout relativiser, ce qui fait de cette histoire une vraie perle.
J’ai également apprécié l’omniprésence de la danse dans la narration. Tout ramène la protagoniste à son aspiration première, à ce qui la passionne et la définit. On retrouve donc une panoplie de références au ballet, mais aussi un impressionnant champ lexical. Entre chaque geste, chaque parole des gens qui l’entourent, la narration revient sans cesse à ce purisme que lui exigeait la danse.
« Les étoiles que tu connais portent des pointes, ont une technique hors pair, ont été innovatrices, ont été des femmes fortes, ont créé de nouveaux styles de danse, t’ont émue, t’ont motivée, t’ont inspirée jusqu’à te parasiter. » (Les danseurs étoiles parasitent ton ciel, p.271)
Bref, je vous suggère ce roman tout en déséquilibre où la quête de la narratrice est, au contraire, de retrouver l’équilibre entre les aspirations et le relâchement.