En route vers nowhere

Sophie Laurin, éditions Hurtubise, 2020, 279 pages.
Sara et Sébastien, meilleurs amis depuis un peu plus de 10 ans, partent en road trip. À coups de chambres de motel et de nuits collés dans une tente, le fond amoureux que leurs proches ont toujours ressenti viendra les rejoindre au tournant d’un camping, en souvenir du lieu où ils se sont rencontrés.
Cette histoire se déroulant en 2007 nous ramène à une « époque » (comme si c’était si loin…) où Star Académie prenait place sur la scène culturelle et où les discman et les téléphones à flip étaient encore à la mode. Bien que j’ai trouvé qu’il n’y avait pas autant de références culturelles que ce à quoi je m’attendais, j’ai apprécié les petits clins d’œil ici et là, sans toutefois avoir été nostalgique.
Accompagnée de ces références millésimées, la plume humoristique de l’autrice rend la lecture de ce roman très agréable. On a envie de partir en road trip et de passer par ces moments inconfortables, ces rencontres inoubliables. On retrouve un certain laisser-aller, une envie de seulement profiter!
« Ce qui est le fun au début d’un road trip, c’est l’effet de nouveauté. […] Après plusieurs jours, c’est une autre affaire. Tes fesses sont toujours un peu engourdies. Tu ne sais plus comment placer tes jambes. Tu as mal au cœur à force de regarder les pylônes électriques, les arbres et les panneaux routiers qui défilent devant tes yeux. Ton pancréas fait un tour sur lui-même à force de trop manger de bouffe grasse. Ton bronzage « ceinture de sécurité » commence à être laid sur un méchant temps et tu te questionnes sérieusement sur tes goûts musicaux parce que tous les postes que tu synchronises te tapent sur les nerfs. Bref, la lune de miel est terminée. » (En route vers nowhere, p.211)
Ce qui nous rafraichit aussi est la relation qu’entretiennent Sara et Sébastien. Une amitié gars-fille enviable, où le ridicule ne tue pas. Le dénouement de cette relation m’a toutefois déçue, puisqu’il était trop évident, peu original. On voyait venir la fin à des kilomètres à la ronde. Si ce n’était pas de la plume vivifiante de Sophie Laurin, le roman m’aurait grandement déçue. J’ai aimé le lire pour le bonheur que m’ont procuré les mots, les aventures cocasses et les références aux années 2000, mais sans plus.