Burgundy

Mélanie Michaud, éditions La mèche, 2020, 191 pages.
Une Mélanie enfant dans le quartier Petite-Bourgogne de Montréal, là où se chevauchent la violence et la pauvreté. Quartier qu’elle envoie promener – ou plutôt chier, si je reprends son registre de langue. Des souvenirs d’enfance puisés ici et là à travers le tonnerre des motos et les cris des voisins.
Ce roman, grassement inspiré de l’enfance de l’autrice, est, croyez-le ou non, divertissant. On pourrait s’attendre à une histoire d’enfance tragique, à une succession de passages émouvants, mais non. Mélanie Michaud parvient à nous faire passer un agréable moment dans le cœur du quartier Petite-Bourgogne, à une époque de Kool-Aid et de groceries, le tout, avec une plume fidèle à l’univers narratif dans lequel est campée la narratrice. Un registre de langue très oral, à la limite vulgaire par moments, nous permettant de reconnaitre le personnage, de l’entendre raconter son histoire comme le ferait une enfant à son toutou préféré.
Malgré toute la violence, le drame qui pourrait ressortir de cette histoire, je clos ma lecture avec une certaine légèreté. On apprécie la narratrice sous toutes ses couleurs, on félicite sa détermination et son intensité. Vivant son enfance dans un monde de grands, dans un monde brutal, on retrouve tout de même sa naïveté de gamine.
« Je n’ai jamais su ce qu’il faisait dans la vie, mon père. Jamais de façon précise en tout cas. Quelquefois, il peinturait le dessous des tables en noir ou quelque chose de même, je ne savais pas trop. » (Burgundy, p.17)
J’aime ce genre de livres. Ceux où se mélangent la réalité et la fiction. Où on lit avec notre côté voyeur en se demandant ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Peu importe où se trace la ligne, Mélanie Michaud a su livrer ici un livre explosif comme les Frizzy Pazzy.