Parlons-nous toujours des mêmes auteurs.trices?

Dans les dernières semaines, la booktubeuse et autrice Mel Jannard posait une question dans sa story Instagram qui m’a fait réfléchir. Elle demandait quels étaient, selon nous, les trois auteurs du Québec. J’ai trouvé sa réflexion très intéressante puisqu’il est bien vrai que ce sont souvent les mêmes personnes qui sont mises de l’avant. Toutefois, je crois que la réflexion mérite d’être étudiée sous toutes ses coutures.

Quels sont nos intérêts?

Bien entendu, les résultats du sondage de Mel Jannard faisaient ressortir certains noms assez majoritairement (mon but ici n’étant pas de nommer les auteurs.trices, mais bien de réfléchir à la question. Aucun nom ne sera donc mentionné dans mon article). Cependant, en discutant avec elle afin de comparer nos noms, j’ai réalisé que l’un des auteurs qu’elle avait nommés m’était inconnu. Pourquoi? Il s’agissait d’un poète, genre auquel Mel Jannard s’intéresse beaucoup alors que je m’informe peu sur le monde de la poésie.

Nécessairement, selon les comptes Bookstagram auxquels nous sommes abonnés.es, selon le genre qu’on préconise ou les émissions qu’on écoute, on pensera probablement à des auteurs.trices qui rejoignent ces intérêts et qui influenceront notre réponse à sa question.

Quelle est notre compréhension?

La question de Mel Jannard pouvait être interprétée de plusieurs façons. Pour ma part, j’ai davantage réfléchi aux noms qui ont, je crois, marqué la littérature québécoise. Ayant eu des cours en littérature, les premiers noms que j’ai sortis étaient des auteurs plus classiques (oh que j’ai du mal avec ce mot!). Je n’ai pas nécessairement d’emblée pensé à des auteurs modernes.

On pourrait aussi orienter notre réponse en nommant les auteurs qui, selon nous, s’ajouteront au panthéon des auteurs.trices classiques du Québec.

De son côté, Mel Jannard visait davantage à nous faire réaliser que, bien souvent, dans les médias, ce sont toujours les mêmes auteurs qui reviennent à l’avant-plan (d’où la pertinence de sa réflexion), donc a plutôt pensé à des auteurs modernes.

Et la place des femmes?

Une des remarques de Mel Jannard m’a semblé fort importante : parmi ces trois auteurs québécois, les femmes autrices étaient bien rarement nommées. Parmi les réponses qu’elle a reçues, les hommes ont remporté la palme. Où sont nos autrices? Bien qu’elles prennent de plus en plus la parole, qu’on les voit de plus en plus signer des livres, elles ne détrônent toujours pas les hommes dans les médias.

De belles initiatives prennent place dans la communauté Bookstagram pour valoriser les autrices. Je pense notamment au #lirelesabsentes, à utiliser sans modération lorsque vous lisez un roman écrit par une femme.

Nos médias manquent-ils de variété?

Bien qu’il puisse y avoir des divergences quant à notre compréhension de la question, que nos réponses puissent être influencées par nos intérêts, il est vrai que ce sont souvent les mêmes noms qui ressortent, autant dans la communauté Bookstagram que dans les médias traditionnels. Bookstagram, notamment avec les services de presse envoyés aux critiques amateurs.trices (je me compte parmi celles-ci!), mettent souvent de l’avant les mêmes œuvres, reléguant à l’arrière-plan les petites maisons d’éditions et les auteurs.trices qui y publient et qui n’ont pas les moyens d’envoyer autant de services de presse que les autres. Dans les médias traditionnels, on entend bien souvent parler des auteurs.trices qui n’ont plus besoin de faire leur réputation. Des noms qui, juste à les entendre, vendent des copies. Je ne critique pas le travail des auteurs.trices, au contraire! C’est une fierté pour eux.elles de briller ainsi! Le milieu littéraire québécois ne permettant pas de rouler sur l’or (à peine sur le bronze), c’est méga important de se faire un nom!

C’est notre responsabilité de lecteurs.trices, de bookstagrammeurs.euses, de journalistes, de booktubeurs.euses de varier les titres, de faire rayonner des noms moins connus (tout en continuant de faire briller ceux.celles qui ont déjà une belle réputation).

2 Comments on “Parlons-nous toujours des mêmes auteurs.trices?”

  1. Chère Bibliomaniaque,

    Il est malheureusement vrai qu’être une vedette de la chanson, du cinéma ou de la télévision entraîne et influence les passeur.e.s de littérature à surenchérir sur l’oeuvre littéraire de cette personne en vue.
    Ce qui fait que l’oeuvre en question se vendra davantage qu’un excellent titre de Pierrette Dubé, une auteure jeunesse de talent et de carrière de longue haleine pour ne nommer qu’elle. Je pourrais dresser une longue liste de jeunesse de haut niveau dont les média ne parlent à peu près jamais. Faudra un jour s’en parler…

    Aimé par 1 personne

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