Wapke

Sous la direction de Michel Jean, éditions Stanké, 2021, 204 pages.

Note : 4 sur 5.

Wapke, en langue atikamekw, signifie demain. C’est donc un recueil de nouvelles d’anticipation que supervise Michel Jean. Des nouvelles écrites par des auteurs et des autrices des Premières Nations.

On offre de plus en plus une tribune aux voix des Premières Nations et ça fait tellement du bien! Lire leur ressenti, être affligé de leurs blessures, c’est plus que nécessaire. Dans ce recueil aux plumes multiples, on rencontre tantôt des nouvelles plus optimistes, tantôt des nouvelles empreintes d’une grande peine. J’ai aimé la pluralité des messages, la diversité des plumes et des styles.

Derrière la grande majorité des nouvelles, même si le futur imaginé n’est pas toujours semblable, même si le style de la nouvelle se dissocie des autres, on retrouve des thématiques fortes, qui reviennent. On reconnait la culture des Premières Nations, entre autres dans leur rapport à la nature.

« Si un moment de recueillement arrive, respectez le silence, ça fait partie du Nord. Le silence est un espace. Ce n’est pas le vide, c’est plutôt votre âme qui fait de la place pour que l’essentiel y entre. Mais gardez à l’esprit que ce territoire ne nous appartient pas. C’est nous qui appartenons au territoire. » (« 2091 », Elisapie Isaac, dans Wapke, p.113)

Il est intéressant de réaliser toute cette importance de la nature dans ces nouvelles d’anticipation où celle-ci reprend ses droits, où on constate tous les effets de notre négligence. Plusieurs voix de ce recueil abondent dans ce sens où la Terre mère est malade.

De plus, à travers ces nouvelles d’anticipation est très présente la blessure qu’on vécue les Premières Nations à la suite de la prise de possession de leurs territoires, de leur culture, de leur personne. Cette plaie qui n’est toujours pas cicatrisée influence le contexte des nouvelles où Demain perd de sa diversité.

« Ce « neutralisme », ainsi qu’Ilda le surnommait, avait dépassé le point de bascule et laissé les âmes grises, les terres arides et les rêves impossibles après des années de guerres économiques et de survivance. » (« La quatrième monde », Isabelle Picard, dans Wapke, p.126)

Bref, le recueil de nouvelles d’anticipation autochtone qu’a supervisé Michel Jean (et dans lequel il prend aussi la plume) est une rencontre avec des voix certes plus accessibles qu’avant, mais encore trop tues. Ces visions de Demain nous rappellent un passé loin d’être glorieux, et un présent imparfait.

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