Mukbang

Fanhie Demeule, éditions Tête première, collection Tête dure, 2021, 213 pages.

Note : 4.5 sur 5.

Kim n’a jamais été très bonne dans les relations interpersonnelles. Son écran et elle ne font qu’un. C’est ce dernier qui lui apprend le monde, qui lui fait connaitre ce qu’elle a besoin de savoir. Emportée par la vague des créateur‧trice‧s de contenu web, Kim se lance dans le monde virtuel sous le pseudonyme de KimChichi, partageant à ses abonné‧e‧s ses habitudes de vie saine… jusqu’à ce qu’elle découvre un tout autre type de vidéos, les mukbang. Elle rejoint donc Misha et lui lance des défis d’ingurgitation de nourriture sur Youtube.

Ce livre, c’est quelque chose! Tout un quelque chose! Alors que je me demandais bien où l’histoire pouvait nous conduire au début, quand on voguait dans les confins du web et des écrans avec Kim, quand sa plongée commence, on n’arrête plus!

C’est un livre qui tombe dans l’excès, rendant incroyablement bien justice à ce qu’on veut y dénoncer. Avec ses codes QR (qui mènent réellement à une image, un gif, une vidéo ou un article) qui parsèment presque chaque page, on reçoit un rappel constant de l’omniprésence de la technologie dans notre quotidien. Avec les conséquences désastreuses du choix de Kim sur la vie de plusieurs personnages, on reconnait les dangers du média. Avec les informations données sous forme d’articles à la Hollywood PQ et Le sac de chips du Journal de Montréal, on constate à quel point nos médias accordent de l’attention à des évènements parfois futiles. Avec les changements continuels de la spécialisation du personnage de Kim, de Morphéas et de Misha, on voit à quel point on est influencé‧e‧s par la mode du moment sur les réseaux sociaux. Tout dans ce roman est imbriqué, convergeant vers une réflexion qui veut nous cracher en pleine face les excès des réseaux sociaux.

« Aujourd’hui, tout est devenu un spectacle. La mort, la vie, la bouffe. » (Mukbang, p.139)

Et la fin! Elle boucle la boucle du départ, concluant le roman de manière à ce qu’on ne s’en échappe réellement jamais.

Pour sa richesse, sa langue colorée et sans censure, son ancrage dans notre société, le travail de réflexion que chaque détail nous permet de faire, c’est assurément une oeuvre que je suggère de lire. C’est aussi un titre que je voudrais décortiquer avec des élèves de 5e secondaire (avec quelques passages en moins). Déjà, avec la première de couverture, il y aurait tant à dire! Bref, une œuvre à vous mettre entre les mains!

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