De l’horreur, amenez-en!

Chaque année, pour le mois d’octobre, j’aime me plonger dans une ambiance d’horreur. Bien que ce soit un univers dans lequel j’aime me plonger à l’année longue, mes lectures prennent une toute autre tournure pendant le mois de l’Halloween. Il est somme toute complexe de définir ce qui est du domaine de l’horreur, considérant que chacun.e n’a pas les mêmes peurs et n’est pas dégouté par les mêmes éléments.
L’atmosphère
L’horreur passe, en mon sens, beaucoup par l’atmosphère. On a tou.te.s une vision un peu plus cauchemardesque d’un monde où la noirceur occupe toute la place, la température se déchaine, l’environnement spatial nous semble labyrinthique. Le roman d’horreur joue donc beaucoup avec le décor.
« Ce qui fait une bonne horreur est la crédibilité de celle-ci. Il faut aller puiser dans le réel » (Marc-André Pilon, auteur)

« Pour créer l’ambiance d’horreur, il faut beaucoup utiliser les sens des personnages dans les descriptions, pour concrétiser, pour le lecteur, la surcharge émotive de ceux qui vivent les évènements. » (Mathieu Fortin, auteur)
Ce sentiment de vouloir prendre ses jambes à son cou, de craindre la venue inattendue d’une personne ou d’une créature se transmet très bien par l’ambiance du roman. Les titres de la collection noire chez la Courte échelle me semblent toujours parfaitement réussis dans le traitement de l’atmosphère. Elle se joue jusque dans la mise en page qui nous propose bien souvent des images ou un style angoissant.
À la lecture de plusieurs œuvres d’horreur, on constate aussi que l’ambiance passe beaucoup par la présence inexpliquée de personnages fantomatiques, rapprochant ainsi le roman d’horreur du roman fantastique. En effet, comme le fantastique met en scène des personnages qui font face à une réalité inexpliquée, il y a bien souvent un doute, une crainte de leur part. C’est pourquoi on dit souvent que l’horreur est une sous-branche du fantastique.
Le dégout
Certains romans parviennent à nous plonger dans l’horreur en nous dégoutant par leurs descriptions sanglantes et gores. L’autrice Véronique Drouin le fait habilement avec ses romans Rivière-au-Cerf-Blanc et Détox, dans lesquels les descriptions lèvent le cœur par moments. On peut aussi être dégoutés par les personnages de zombies, qui pullulent dans la littérature pour ados.
Les peurs
L’horreur passe aussi par la peur. Cette fois, comme les peurs sont propres à chaque personne, un élément effrayant ne repoussera pas nécessairement tou.te.s les lecteur.trice.s. Certes, on retrouve certaines peurs plus classiques comme le noir (on peut alors facilement jouer avec l’ambiance ici), la douleur, les clowns ou les poupées, la mort, les reptiles, la solitude…
« Il faut aller puiser dans les peurs viscérales qu’ont les gens, parfois des peurs qu’on traine depuis l’enfance » (Marc-André Pilon, auteur)
La folie
Certains livres parviennent, quant à eux, habilement à jouer avec la peur par la montée dramatique, par le sentiment de folie qu’on donne au lectorat et au personnage. Patrick Senécal, par sa capacité à jouer avec le réel nous propose des romans d’horreur qui jouent davantage dans la tête, avec une évolution psychologique intéressante.
Dans cette perspective, on pourrait aussi se rapprocher du genre de la dystopie qui, parfois, cherche à susciter de l’angoisse chez le lectorat. On peut notamment penser à la populaire série pour jeunes adultes, Hunger Games.
Sources
Merci aux auteurs Marc-André Pilon, Hervé Desbois et Mathieu Fortin pour leurs réponses à mes questions, ainsi qu’à mes précieux.ses collègues de travail.
Les romans d’horreur, YouScribe
Le roman d’horreur dans la littérature jeunesse, Lirado
Littérature d’horreur : comment faire peur par l’écriture?, Coollibri