Fibres

Flavie Choinière, édition Tête première, 2021, 177 pages.
Les fibres de Léonce sont douloureuses. Chaque partie de son corps lui pèse, autant moralement que physiquement. À travers une vingtaine toute en montagnes russes et des aller-retour dans une adolescence tout aussi mélancolique, on découvre une narratrice avec le cœur en désordre.
Dans l’ensemble, c’est une lecture que j’ai appréciée, notamment pour la narratrice qui me semblait à la fois flotter au-dessus de sa propre vie, ne sachant trop où mettre les pieds, tout en étant bien ancrée dans sa douleur qui lui ordonnait parfois des pauses en solitaire. Par les ficelles qu’on tire, on met Léonce à nue, on dévoile sa chair douloureuse. On tricote son histoire une fibre à la fois.
La thématique des troubles alimentaires est bien présente dans le récit, sans toutefois paraitre déjà vue. J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’autrice a dessiné le parcours de sa personnage dans cette spirale infernale. C’est doux et douloureux.
« J’ouvre Facebook après une semaine d’absence. La crise reprend. Il faut sortir. Marcher encore. Courir le déjeuner que je viens d’avaler, fatiguer chaque muscle. Je ne veux pas rentrer à Montréal, reprendre le même rôle sur la scène de ma vie. »
Fibres, p.104
Je crois que ce qui m’a moins interpelée est la forme du récit. L’absence de chapitres et les aller-retour entre le présent et le passé ont rendu le début de ma lecture plus difficile. Je ne savais pas trop à qui j’avais affaire, avec quel personnage je me lançais dans cette aventure. C’est un style qui, je crois, n’était pas totalement fait pour moi.
Cela dit, Fibres reste une belle lecture. Une histoire où s’aimer en premier est un grand apprentissage.