MOFO

Olivier Simard, éditions la Bagnole, collection Jeune adulte, 2021, 241 pages.

Note : 4 sur 5.

Le quotidien de Manu et ses amis Thierry et Ray se résume à boire de la bière au parc et à faire des mauvais coups dans leur quartier. À 16 ans, Manu a échoué sa cinquième secondaire, décevant ainsi sa mère. Alors qu’ils enchainent les canettes, une idée de génie leur vient. Pour assouvir leur rêve d’avoir enfin une première relation sexuelle, ils décident de se rendre à Blackburn, ville réputée pour contenir trois fois plus de filles que de garçons. Ils s’embarquent alors dans un roadtrip sans argent et sans permis… pour rejoindre la ville du sexe!

Ma lecture a un peu été en montagnes russes. Je n’étais pas trop certaine de l’issue de ce roadtrip improvisé, motivé par le sexe. Je trouvais ça tellement pathétique! Et que dire de leur vocabulaire, de leur façon de critiquer les propos un peu plus recherchés de Manu. Mais… c’est justement ça, ce roman. Ce sont des ados un peu croches, des gars amochés qui ont tellement enchainé les échecs que tout ce qu’ils parviennent à avoir comme ambition pour le moment, c’est avoir une première relation sexuelle. L’auteur nous dépeint ses personnages sans jugement, sans critique ou morale. On les suit dans leur périple, aussi ridicule qu’il puisse paraitre à nos yeux d’adulte.

Certes, leurs propos homophobes, leur insultes gratuites m’ont agacée, mais ça reste tellement représentatif d’une partie de nos ados! C’est ce qui en fait une force et qui permettra certainement de rejoindre un public qui, à l’habitude, n’est pas nécessairement porté vers la lecture. Les dessins qui ponctuent les pages, en plus d’ajouter au visuel de l’œuvre, nous permettent d’encore plus imaginer le narrateur, auquel je me suis vraiment attachée.

« Moi, je fumais des battes avec mes amis, de temps en temps. Ça s’arrêtait là. Ma mère, elle, était accro aux régimes, aux concours sur internet, aux pilules de son médecin, aux conseils de son psy et à l’opinion du monde entier à son sujet. À chacun sa drogue, j’imagine. »

MOFO, p.74

Manu, au contraire de Ray et Thierry, partage un peu plus ses émotions grâce à son rôle de narrateur. J’ai apprécié son côté cultivé qui, malgré ses échecs scolaires, continue de le définir. Il nous permet de réaliser que le profil du décrocheur, de celui qui échoue dans un parcours traditionnel, n’est pas unique, n’est pas que la réponse à un cliché. Peut-être ces trois jeunes hommes incarnent-ils, en quelque sorte, le cliché de l’ado blasé et tout croche, mais ils représentent tout de même une partie d’ados à laquelle on donne peu la parole.

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