Seuls

Paul Tom, illustré par Mélanie Baillargé, éditions la Courte échelle, 2022, 141 pages.
Seuls, c’est le parcours de trois jeunes qui ont quitté leur pays alors qu’iels étaient encore mineur.e.s pour demander leur statut de réfugié au Canada.
Vous dire à quel point ce livre est émouvant. C’est une tornade qui nous happe de plein fouet, nous faisant réaliser combien certaines situations sont plus tristes encore que ce qu’on pourrait imaginer. Jamais, je n’aurais pensé que des enfants (ou autant d’enfants du moins) pouvaient quitter leur pays, sans leurs parents, dans le but de recommencer une vie qu’iels viennent à peine d’entamer. J’avais le cœur brisé de lire leur témoignage, les raisons qui les ont mené.e.s vers cette voie, les embuches qu’iels ont rencontrées en chemin et le vertige de leur arrivée. Le livre de Paul Tom rapporte simplement et réalistement ces étapes sans flafla. C’est en parallèle qu’on découvre les parcours de ces trois jeunes auxquels on s’attache.
J’ai envie de ne pas vous en dire plus. Envie de vous laisser découvrir ces trois personnages, sans vous dévoiler les raisons de leur départ. Je pense que Seuls, c’est une œuvre qu’on se doit de découvrir de A à Z. Ça nous ancre dans des réalités qu’on ne connait pas, ça fait exploser des injustices encore trop criantes, mais ça démontre aussi que dans le système, il y a des gens avec un grand cœur qui sont prêts à tout pour aider leur prochain.
Les illustrations de Mélanie Baillargé, qu’on retrouve aussi dans le documentaire, viennent croquer des moments de joie, mais aussi des moments de tristesse. La répétition des mêmes couleurs, sans variation, s’allie parfaitement au texte de Paul Tom qui ne s’empêtre pas dans les microdétails. Le duo nous permet de découvrir ces personnes sans en mettre trop.
Au moment où j’écris ces lignes, je viens tout juste de terminer de visionner le documentaire. J’ai des larmes séchées plein les lunettes. Alors qu’au début je n’étais pas trop certaine, je craignais que ce soit trop semblable au livre, l’heure et demie a passé trop rapidement. On m’en a dévoilé un peu plus sur Afshin, Alain et Patricia, j’ai pu entendre leur témoignage par leur voix, ressentir toutes sortes d’émotions pendant qu’elleux en revivaient certaines. Visionner le document, c’est ajouter une touche de proximité à sa lecture. Les personnages que j’ai découverts ont pris vie devant mes yeux. Et ce visionnage peut confirmer que le livre rend justice au réel.
Bref, deux magnifiques œuvres à découvrir. Je vous souhaite d’en apprécier les deux adaptations, mais au moins une, ce serait l’essentiel, ne serait-ce que pour comprendre le poids de la solitude, d’une solitude qui ne te quitte jamais.