Là où je me terre

Caroline Dawson, éditions du Remue-ménage, 2020, 200 pages.

Note : 4.5 sur 5.

Lorsqu’elle est âgée de 7 ans, Caroline apprend de la bouche de ses parents que la famille quittera le Chili pour espérer une vie meilleure. À quel point la vie est-elle meilleure quand on repart de zéro dans un pays qu’on ne connait pas et qui ne nous connait pas? Comment grandir dans une culture qui n’est pas la nôtre, mais qui nous forge dès nos plus jeunes années?

Dès les premières pages, j’ai été happée par la plume de Caroline Dawson. Malgré la douceur de celle-ci, on sent son amertume face à tout ce qu’elle a vécu en tant qu’immigrante : l’incompréhension des autres, leur manque d’ouverture, la nécessité de partir à zéro pour ses parents, le manque de considération. Le récit bouleversant qu’elle nous offre peint une réalité à laquelle on a peu accès quand on a le luxe de rester dans notre pays et que celui-ci ne vit pas de difficulté particulière.

Certes, imaginer la perte de cette famille est douloureuse. Suivre les parents de Caroline dans un monde qui leur demande de tout recommencer est choquant. Cela dit, le parcours de Caroline, en tant qu’enfant entre autres, vient aussi nous chercher. Encore toute jeune lorsqu’elle arrive au Canada, elle doit apprendre à nager dans des eaux troubles où se mélangent une nouvelle culture et celle qui l’a bercée pendant sept années. On n’imagine pas à quel point une enfant qui change de monde peut être mélangée avec tout ce qu’elle apprend.

« Mon intégration d’enfant immigrante a passé par la honte de ce que j’étais, le rejet de ce qui me constituait et une série de petites trahisons envers moi-même et mes parents. J’ai commencé à ne me concevoir qu’à travers les yeux des autres, en tentant d’anticiper leurs réactions. »

Là où je me terre, p.69.

J’ai adoré le personnage de Caroline (puis-je réellement la qualifier de personnage si l’on considère qu’il s’agit de sa vie?). Sa force, mais aussi sa vulnérabilité qui la pousse à se terrer m’ont émue. Le regard de femme adulte avec lequel elle partage son histoire crée un contraste intéressant et nous fait voir la petite fille qu’elle était avec beaucoup d’empathie.

Bref, Là où je me terre est une lecture douce-amère qui, je l’espère, ouvrira les yeux de bien des gens qui regardent les immigrants de haut.

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