Les pénitences

Alex Viens, éditions Cheval d’août, 2022, 129 pages.

Note : 4.5 sur 5.

Le but de Jules est de déposer la petite boite chez son père, puis de s’en aller. Après 10 ans sans contact, elle ne s’attend pas à de grandes retrouvailles. Or, Denis l’accueille et l’invite à prendre un verre, puis un joint, puis à souper… Un moment annonciateur de positif qui pourtant laisse pointer l’orage à l’horizon. Jules le savait que c’était une mauvaise idée.

Il faut admettre que j’avais de grandes attentes par rapport à ce roman vu tous les commentaires positifs qu’on entendait à son sujet. Je ne savais toutefois pas à quoi m’attendre, l’ayant reçu d’une amie qui se l’était procuré en double. Eh bien, je n’ai pas été déçue. Comme toutes les publications que j’ai lues du Cheval d’août, Les pénitences est un concentré de moments forts, de mots qui fessent.

Rapidement, on est happé par la relation entre Jules et son père. Les sacres qui ponctuent leurs dialogues m’ont quelque peu déstabilisée, mais ça donne une image assez claire des deux personnages. On espère que les retrouvailles se passeront bien, mais on garde tout de même un fort doute. L’enfermement que vit Jules dès qu’elle met le pied dans le minuscule appartement est annonciateur d’un univers étouffant.

« Derrière Jules, Denis verrouille une deuxième serrure et met la clé dans sa poche.

« J’aime mieux barrer par en dedans aussi parce que mes proprios ont pas de câlisse d’affaire à entrer chez nous. »

Un étroit corridor débouche sur une pièce aux murs blancs et aux meubles génériques : le minimalisme involontaire de ceux qui n’ont jamais su se fabriquer un chez-soi. »

Les pénitences, p.11.

Plus on avance dans le récit, plus la tension monte jusqu’à atteindre un paroxysme qui nous dégoute, qui fait froncer les sourcils. On est embarqué dans une roue de violence psychologique de laquelle on ne peut s’échapper. En parallèle à ces retrouvailles, Jules replonge dans ses souvenirs, dans cette relation qui a toujours été toxique et qui a malheureusement eu de gros impacts sur l’adulte qu’elle est. J’ai grandement apprécié qu’aucun détail ne soit superflu. Chaque mot, chaque dialogue et chaque description (même physique) semblent choisis pour entretenir la psychologie de la protagoniste, pour nous permettre de mieux la cerner.

Bref, il s’agit d’un roman qui va droit au but, qui nous froisse le coeur par toutes ses marques de violence psychologique. Autant il se lirait d’un trait qu’on a parfois besoin de le déposer pour s’éloigner de la sensation d’étouffement qui nous accompagne.

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