Une fenêtre par où s’échapper

Madeleine Allard, éditions Québec Amérique, 2023, 148 pages.

Lucie n’arrive plus à dormir. Du haut de ses huit ans, elle est en proie à une anxiété impossible en observant les femmes de son entourage qui semblent être envahie par la Furie. Que ce soit sa sœur, en pleine adolescence, sa mère, qui ne sait plus comment les gérer et se gérer elle-même, et sa grand-mère, qui ne semble vouloir que les torturer, Lucie ne sait plus quoi faire pour sauver les femmes autour d’elle.

Je n’avais aucune attente face à ce roman, ne sachant aucunement à quoi m’attendre. Finalement, j’ai été happée. Cette histoire de Furie, cette détresse qui envahit les femmes m’a beaucoup rejointe. Même si on ne dit jamais réellement ce que personnifie la Furie, on peut rapidement l’inférer selon nos propres expériences, selon notre vision de la vie, de la Femme. C’est un roman qui, malgré son étrangeté, est criant de vérité.

Certes, on y parle de la crise d’adolescence avec le personnage de Suzanne, mais ça va plus loin avec celui de la mère et de la grand-mère. Ce que ce roman aborde, c’est la lourdeur de la féminité, la lourdeur de la maternité. C’est réaliser que trop souvent, les mères ont envie d’aller acheter du lait et de ne pas revenir.

« Elle repense à tout ce que sa mère répétait, l’inventaire de ce qui lui rendait la vie impossible qu’elle débitait tout haut sans avoir l’air de parler à quelqu’un, à la Furie qui revenait de plus en plus souvent, elle repense à tout ce qui s’est passé juste avant son départ, et c’est comme ça, à force de réfléchir, qu’elle a dressé une liste des raisons les plus probables pour expliquer sa disparition. »

Une fenêtre par où s’échapper, p.22

Ce roman, c’est également une image de la famille populaire, la famille de la classe moyenne-basse qui fait tout ce qu’elle peut pour survivre, qui rush un peu tout le temps, qui n’arrive qu’à effleurer le bonheur. Ce n’est pas une lecture lumineuse, mais c’est une lecture vraie.

Bref, si vous avez une envie d’étrangeté et de vérité, c’est un roman à découvrir!

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