Scarborough

Catherine Hernandez, éditions XYZ, 2018 (2017), 295 pages.

Madame Hina travaille dans un centre de littératie où se retrouvent des enfants et leurs parents qui vivent dans une situation précaire. Alors que son rôle premier devrait être d’aider ces enfants dans leurs facultés intellectuelles, c’est surtout de réconfort et de nourriture dont ils ont besoin. Madame Hina ira donc à l’encontre de sa superviseure pour offrir à ces jeunes un lieu où ils peuvent combler leurs besoins premiers.

« Je suis retournée au lit ensommeillée et plus excitée que jamais, convaincue qu’il n’aurait pas été aussi miraculeux d’apercevoir le père Noël que de voir mes parents coopérer pour que je croie en lui, et sans se quereller une seule fois. » (Scarborough, p.187-188)

On visite Scarborough par la voix de plusieurs personnages. On s’attache bien vite aux enfants comme Laura et Bing ou aux parents comme Edna et Marie, alors qu’on veut le plus possible se détacher de Jane Fulton, la superviseure de Madame Hina. À travers leurs échanges, on réalise assez vite que les deux femmes n’ont pas la même vision.

Ce roman est extrêmement touchant. On ne peut rester indifférents face à cette pauvreté, à ces difficultés familiales qui viennent nous chercher au plus profond. Je trouvais parfois difficile de ne pas en vouloir à ces parents impuissants qui faisaient vivre tant de misère à leurs enfants qui n’ont rien demandé d’autre qu’un bol de céréales. Toutefois, d’un autre côté, quand la narration vient d’eux, on découvre la maladresse qui se cache derrière leurs gestes et leur sentiment d’incompétence.

Ce que nous peint Catherine Hernandez dans ce roman est loin d’être reluisant. Oui, il y a de l’entraide, de l’amour, de la résilience et de l’ouverture, mais il y a aussi de la haine, du racisme et du jugement. Ce n’est pas parce que ces personnes vivent toutes dans une situation précaire qu’elles s’apprécient nécessairement.

Le seul bémol que j’ai trouvé à ce roman est la narration des enfants. J’aurais aimé sentir que je lisais les pensées d’un jeune, voir la différence entre leur langue et celle de leurs parents. Autrement, ce roman fait sans aucun doute partie de mes chouchous de 2018.

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