Overlap

Céleste Godin, éditions Prise de parole, 2020, 62 pages.
Dans ce petit livre se trouve le texte d’une pièce de théâtre jouée en 2019 à Moncton. C’est une incursion dans des soirées bien arrosées (et poudrées), où les discussions de fin de soirée tournent autour de l’amour, de la culture acadienne, du lieu…
Très éclaté, ce livre nous fait tourner de tous bords tous côtés, nous rend ivre par les discours qu’on a l’impression ne pas voir aboutir mais qui nous fait pénétrer dans des partys où l’on attrape des bribes de conversations ici et là. C’est un format particulier, nous semblant parfois incompréhensible, mais qui nous permet de bien prendre place dans le lieu où se déroule la pièce.
Il ne faut pas s’attendre à lire un texte de théâtre ordinaire. On oublie les didascalies, les noms des personnages devant leurs paroles, la séparation claire en actes avec changement de décor, rendant ainsi à l’œuvre son côté éclaté encore plus présent.
Le livre alterne entre des parties où sont attrapées des bribes de conversations de gens chauds, parfois gelés, et des monologues de l’autrice qui réfléchit crument à la place de l’individu dans une ville telle que Moncton. En plus de s’infiltrer dans un party, on s’infiltre dans la culture acadienne, par les références et par la langue qui, je l’admets, m’a souvent prise au dépourvu. On constate l’influence de l’anglais dans les propos où se chevauchent, à presque égalité, les deux langues du Canada. Il est intéressant d’observer comment les termes anglais ont été francisés par la conjugaison de ceux-ci et les règles de syntaxe qui sont bien souvent respectées.
« Comment parler d’être queer dans une langue où le masculin l’emporte toujours? Si on sait pas quoisse qu’est un « pronom » in the first place, on est-tu capables de s’en choisir d’autres? (Overlap, p.30) »
Bref, Overlap est un texte théâtral éclaté, qu’on lit pour s’étourdir par les mots.