D’après mon adolescence

Caroline Solé, Albin Michel, 2021, 138 pages.

Note : 4.5 sur 5.

Dans ce livre, c’est l’autrice elle-même, Caroline Solé, qui prend la voix principale pour s’adresser à l’adolescente qu’elle était dans les années 1990. Alors qu’elle lit Moi, Christiane F., 13 ans, droguée et prostituée en cachette, elle ne sait rien sur le sexe et ne parvient à obtenir aucune réponse qui ne satisfasse sa soif. Du haut de ses trente ans, Caroline s’adresse donc à l’ado qu’elle était, revisitant ses journaux intimes, ses questionnements et ses périodes sombres.

J’ai toujours eu une fascination pour l’adolescence, cette période incomprise et incompréhensible où les émotions dictent bien des gestes. N’ayant jamais été une ado devant faire face à des drames dignes d’un roman, je dois admettre que je me suis reconnue dans la jeune Caroline, qui cherchait elle aussi à vivre plus intensément, à s’éloigner de ce quotidien morne en cherchant la noirceur, notamment par ses écrits. En parcourant les extraits des journaux intimes de Caroline, dispersés çà et là dans le roman, j’ai reconnu mes cahiers de dessin, mes cahiers d’écriture dans lesquels je cachais une part plus sombre de moi. Il n’est donc pas étonnant que le livre m’ait plu!

Cela dit, plus objectivement, je trouve qu’il s’agit d’une œuvre très intéressante, notamment pour cette idée de l’adulte qui s’adresse à l’ado. On ne fait pas face ici à une voix d’adulte maternelle, contrôlante ou pleine de jugement, mais à une voix plus bienveillante, qui ose dire les vraies choses et qui est empreinte de tristesse. En effet, l’autrice s’épanche sur des souvenirs douloureux, faisant ainsi comprendre à sa version plus jeune d’elle-même que ses décisions prises sur le fly ont eu un impact. Ça fait réfléchir, sans être moralisateur.

La thématique principale du livre reste la sexualité. Dès la première page, c’est ce qui intéresse Caroline, ce qu’elle veut démystifier, mais qu’on lui demande de taire. Avec son expérience d’adulte, l’autrice accorde à la jeune Caroline cette absence d’informations, ce tabou qui fait naitre en elle des besoins qui la pousseront trop loin. On aborde entre autres la virginité, la masturbation, mais surtout la différence de traitement de l’information face à la sexualité masculine versus féminine. Je vous laisse deviner laquelle est plus taboue…

« Une fille devrait être invisible pour être hors de danger, c’est ce que la société te renvoie. Ne pas mettre des jupes trop courtes, des habits aguichants, se dérober au regard des hommes. Voilà le programme qui t’attend, crois-tu, en devenant une femme. Alors ça ne te donne pas vraiment envie, tu restes sur tes gardes. Le sexe te rebute autant qu’il t’intrigue. » (D’après mon adolescence, p.18)

Bref, ce livre est pour moi un gros OUI! Pour sa forme (dialogue entre l’ado et l’adulte), pour sa thématique principale abordée sans tabou, pour les extraits de journaux intimes qui rendent l’œuvre très personnelle, c’est une belle découverte pour les jeunes adultes (à partir de la 5e secondaire).

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s