Nos corps jugés

Catherine Cuenca, éditions Talents Hauts, 2022, 235 pages.
Nous sommes en 1978. Myriam, 17 ans, est violée par un garçon avec qui elle est sortie. Vu la fermeture de ses parents et l’absence de condamnation acceptable en cas de viol, la jeune femme se terre. Petit à petit, la douleur et la honte l’envahissent. Ce sont des tracts laissés ici et là dans son école qui la pousseront à parler.
Même si l’histoire se déroule vers la fin des années 1970, elle n’en est pas moins actuelle. Certes, il y a une plus grande fermeture qu’aujourd’hui face à la prise de conscience que le viol existe et est un crime qui se doit d’être puni, mais les préjugés face aux victimes sont toujours présents. Tel que le mentionne le titre, le corps des victimes est jugé, leurs gestes sont condamnés, comme si elles étaient coupables.
Ce qu’il est intéressant d’observer dans ce roman, c’est à quel point le soutien est nécessaire quand une personne est victime d’agression. Myriam, n’ayant pas la chance de compter sur ses parents et sa meilleure amie, se voit rapidement prise avec son secret, la dévorant une journée à la fois. Les conséquences s’en font rapidement ressentir, et il est frustrant d’observer cette dégringolade.
Heureusement, un autre procès pour viol fait les manchettes et introduit une lumière au bout du tunnel. C’est alors que peuvent s’enclencher des procédures qui ne sont pas particulièrement faciles. Encore une fois, on prend conscience de tout le poids qui ne quitte pas les épaules des victimes.
« Pire que d’avoir été violée, c’est de parler de leur viol qu’on reproche aux victimes. »
Nos corps jugés, p.221
Pour sa thématique similaire, le roman m’a beaucoup fait penser à J’ai un nom par Chanel Miller (ce dernier s’adressant toutefois à des adultes). Les deux titres m’ont grandement plu et me paraissent importants pour aborder un sujet difficile, mais qui nécessite encore plusieurs discussions.
Ce roman à l’air très intéressant , je le note !!
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