Où acheter ses livres?

Librairies indépendantes, chaines (Renaud-Bray et Archambault), grandes surfaces (Walmart, Costco)… on trouve des livres à plus d’un endroit, nous permettant ainsi d’y avoir accès facilement. Toutefois, si on veut faire une différence dans l’économie québécoise, dans le marché du livre, certaines options sont plus efficaces que d’autres. Grâce à la collaboration de Christine Picard, propriétaire de la librairie L’Option, je vous propose de démystifier les particularités des librairies indépendantes.

Les principales différences

Quelles sont les principales différences entre les librairies indépendantes et les chaines et grandes surfaces?

C.P. : Bon, d’abord, il faut distinguer Renaud-Bray de Costco et Walmart. Renaud-Bray a accès à la même infrastructure de commande que nous, donc ils peuvent commander les mêmes choses. Costco et Walmart se limitent à certains titres en grande quantité. On ne peut pas aller voir un commis chez Costco pour commander un livre qu’ils n’ont pas. Aussi, ils ne sont pas formés pour conseiller la clientèle. On ne peut pas leur demander des suggestions de lecture. Les livres font partie de l’offre en magasin au même titre que les can de bean.

À savoir ce qui différencie Renaud-Bray d’une librairie indépendante, c’est une question de culture d’entreprise, j’imagine. C’est plus gros, plus impersonnel. Les livres sont choisis en fonction des ventes. Dans une librairie indépendante, le service est plus personnalisé, plus chaleureux, on vient à connaître nos clients par leur nom, par leurs goûts. Au niveau des achats, des livres qu’on met en tablettes, on fait les choix en fonctions d’eux. (Ex : Ah oui, Monsieur Gamache va sans doute acheter ce livre-là si on lui présente…) Ça arrive souvent qu’on commande un livre X en pensant seulement à ce client en particulier, parce qu’autrement on sait que ça ne sera pas un gros vendeur. On l’achète quand même. Au cas. Du moins, c’est ce que je fais dans ma librairie! (C’était comme ça où j’étais responsable des achats ailleurs, aussi).

Et si on veut encourager l’auteur.trice?

En suivant les stories de Mel Jannard, autrice du recueil de poésie Calamine et du récent album jeunesse Soda mousse, j’ai appris que, peu importe l’endroit où on achète un livre, le même montant est remis aux auteurs.trices. Donc, si notre objectif principal, en achetant un livre, est d’encourager l’auteur.trice qui est derrière (et l’illustrateur.trice dans le cas d’une œuvre illustrée), sachez que peu importe où vous achetez votre livre, la mission est accomplie!

On entend souvent dire qu’il faut encourager nos librairies indépendantes. Pourquoi, si l’argent qui est remis à l’auteur.trice est le même, qu’on achète dans une grande surface ou chez les libraires indépendants? 

C.P. : Un peu pour la même raison qu’énoncé plus haut. La librairie indépendante, c’est une petite entreprise. Le propriétaire travaille dedans. C’est le gagne-pain de gens qui habitent autour. Les profits ne vont pas dans les poches d’un géant américain.

Mais le plus important : si tout le monde achète chez Walmart, par exemple, très vite, l’offre va diminuer. Puisque Walmart n’a en stock qu’une infime partie des livres qui se publient au Québec, les éditeurs seraient obligés d’arrêter de publier des premiers romans, des essais nichés, des livres qui se vendent à 300-400 copies, pour privilégier les best sellers à 30 0000 copies. La diversité littéraire en prendrait un sacré coup! Ce n’est pas rare, en librairie, qu’on vende un livre à une seule copie. Ce livre ne se serait pas vendu du tout, sans nous.

La librairie indépendante, c’est une fenêtre ouverte sur la littérature. TOUTE la littérature. Bien sûr, on donne notre couleur à notre librairie, par nos goûts, nos coups de cœur, notre clientèle, mais il reste qu’on tient de TOUT. D’ailleurs, pour être une librairie agréée, il faut minimum 6 000 titres différents, répartis selon des catégories assez strictes.

La formation des libraires

Pour avoir déjà travaillé dans une chaine, je vous confirme que les employés.es n’ont pas de formation spécifique ou de prérequis. Ce sont des passionnés.es de lecture ou des gens qui cherchent un emploi, point. Certains.es ont étudié en littérature, d’autres non. Les portraits sont assez variés. En arrivant sur le plancher, on apprend comment sont classés les livres, comment fonctionne le système de recherche et les caisses.

Quelle est la formation d’un.e libraire? 

C.P. : Il n’en existe aucune officielle. Le parcours « typique », c’est des études en littérature ou parfois en histoire/sciences humaines. Par contre, le ministère de l’éducation a un programme de reconnaissance des acquis. Il s’agit d’un examen « en personne ». Le programme mendate un libraire qui a déjà passé le test à venir évaluer l’autre libraire. S’assurer qu’il répond à tous les critères (selon une liste). J’ai passé ce test il y a quelques années. À la suite de quoi, on reçoit un certificat de reconnaissance des acquis. C’est, à ma connaissance, le seul diplôme de libraire qui existe au Québec.

Mais somme toute, la formation d’un libraire, c’est le service à la clientèle et une excellente connaissance générale. Lire beaucoup, aussi.

Si je me prends moi-même en exemple, j’ai fais Arts et lettre au CEGEP, puis littérature à l’université. Ensuite, j’ai commencé comme commis libraire, puis assistante-gérante, puis gérante. J’ai aussi été responsable des achats. C’est une formation souvent « sur le tas ».

La librairie indépendante valorise…

C.P. : La diversité, l’accessibilité aux livres, la littérature, le lecteur.

En conclusion

Je crois que notre décision dépendra toujours de ce qui est important pour nous : acheter des livres, tout simplement? Encourager l’auteur.trice? Sauver des sous? Participer à la diversité? Je ne lance pas un appel au boycott des grandes surfaces ou des chaines parce qu’elles participent aussi à la valorisation de la lecture. Cela dit, comme il est important pour moi de contribuer à la diversité du milieu littéraire et d’encourager les plus petits commerces gérés par des passionnés.es, j’achète la très grande majorité de mes livres chez les librairies indépendantes. En quelques clics, mon panier est rempli et je fais livrer le tout directement chez moi (ça, c’est quand je n’ai pas la possibilité de me rendre directement à la librairie indépendante près de chez moi!). L’important, c’est d’acheter ses livres en toute conscience!

3 Comments on “Où acheter ses livres?”

  1. Bonjour, je vous suis depuis un bout, j’adore!
    Tout ceci est très réaliste, j’ajouterais un point. Je suis technicienne en documentation et durant la technique, nous sommes formés sommairement il faut le dire, mais tout de même, assez pour comprendre le fonctionnement d’une librairie. C’est une vocation travailler dans une librairie! Je travaille dans une bibliothèque scolaire, avec un tout petit budget, et mon moment favoris c’est le choix des livres que j’achète. Parce que j’ai des élèves de maternelle à 6e, je vois grandir mes élèves et leurs intérêts! J’achète donc parfois des livres pour tel ou tel élèves!!! J’ai fait le choix d’encourager les librairies indépendantes, pas Renaud-Bray ou Archambault, mais des librairies de quartier!

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