Cet exécrable corps

Eli San, éditions du Remue-Ménage, 2023, 120 pages.

Ce livre est comme un journal intime. Un condensé des pensées intrusives qui empêchent Eli San d’aimer son corps.

Visiblement, je suis carrément passée à côté de ce titre que j’ai franchement trouvé désagréable à lire. Pour moi, ce n’était qu’un ramassis de commentaires négatifs, de chialage sur son poids. La virulence des réflexions m’a mise mal à l’aise. Je saisis bien qu’on veut montrer que malgré les messages positifs sur l’acceptation corporelle, on peut encore avoir du mal à s’accepter, mais dans ce livre, c’était trop. Toute la faute mise sur le poids est, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, d’une lourdeur incroyable.

« Il exacerbe l’inconfort que je ressens durant tous mes déplacements.

Je sue, je pue et je laisse des traces de buée partout oû je m’assois. Dans l’autobus ou dans le métro, je déborde les sièges simples et je remplis les sièges doubles. Mon cul est trop imposant, il brime la quiétude des gens à côté de moi.»

Cet exécrable corps, p.46

Certes, c’est bien écrit. Certaines phrases m’ont interpelée, m’ont rappelé les propos que je peux parfois entretenir envers moi-même.

Les montages photo sont populaires, surtout chez les filles. Elles juxtaposent leur meilleure photo à leur pire, et leur pire consiste trop souvent à grimacer, à se créer un double menton.

Ma face est devenue une joke. La version standard de mon visage, c’est la version laide de celui des autres.

Cet exécrable corps, p.70-71

Ce qui m’a dérangée, c’est plus l’accumulation de tous ces commentaires, qui font en sorte qu’on ressort de cette lecture en se demandant si on ne devrait pas, quand on est grosses, se trouver dégueulasse. Il y a bien une lumière au bout du tunnel. Une petite. C’est pour cette infime lueur et pour la plume que je donne deux étoiles au lieu d’une.