Laideronnie

Kareen Martel, éditions Somme toute, 2022, 115 pages.

Récit personnel, Laideronnie lève le voile sur la discrimination envers les personnes laides. C’est un ensemble de souvenirs et de réflexions sur la laidophobie.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre de ce livre. La quatrième de couverture fait référence à la Laideronnie comme un endroit. On comprend vite que cet endroit, c’est un monde à part dans lequel sont reléguées les personnes discriminées pour leur laideur. Cela reste un monde où la narratrice s’épanouit, développe sa vision de la laideur en ressassant ses souvenirs.

C’est une lecture surprenante. La narration y est très intime et sincère. Kareen Martel partage avec nous des moments difficiles, de manière assez chronologique, pendant lesquels elle a vécu de la discrimination ou de l’intimidation. Des commentaires haineux qui font leur bout de chemin dans la tête de quiconque en est victime.

En plus de ces souvenirs, l’autrice nous amène à réfléchir sur le culte de la beauté. J’aurais surligné tant de passages!

« On souligne la beauté des longues jambes, mais pas celle des longs nez. On veut de grands yeux, mais de petites oreilles. On célèbre les gros seins et les grosses lèvres, on en vend même, mais pas les gros ventres. On valorise les chevelures épaisses, à coups de shampoings pour les renforcer, tandis qu’ailleurs sur le corps, on retire la pilosité à grands frais et dans les pires douleurs. J’y vois un arbitraire soutenu par le capitalisme et le patriarcat qui ferait rire s’il ne faisait pas tant souffrir. »

Laideronnie, p.86

Bref, c’est une lecture frappante, qui permet de prendre conscience de tout ce rejet pour une question, encore une fois, très superficielle.